7 juin 2009 7 07 /06 /juin /2009 21:46

Un seul gagnant des Européennes: l'abstention (près de 60% en France, 53% dans l'ensemble de l'Union), qui montre que les peuples ne sont plus dupes : ces élections ne sont qu'une mascarade !


En réalité, l'UMP n'a recueilli que 11,5% des suffrages des électeurs en âge de voter, et Europe-Ecologie la moitié.

Lire aussi:

La vérité sur les menus pouvoirs du Parlement européen

Lettre ouverte à celles et ceux qui s’apprêtent à aller voter

___________________________________

Le Monde Diplomatique

Juin 2009



« Imaginez
, écrit M. Vaclav Havel, une élection dont les résultats sont largement connus à l’avance et à laquelle se présentent toute une série de candidats à l’incompétence notoire. Tout scrutin prétendument démocratique organisé de la sorte ne manquerait pas d’être qualifié de farce  (1).  » L’ancien président tchèque ne pensait pas au Parlement européen, mais au Conseil des droits de l’homme des Nations unies. Et pourtant...

 

 

Depuis la première élection des députés européens au suffrage universel, en 1979, le taux d’abstention a bondi de 37 % à 54 % (en 2004). Les pouvoirs du Parlement se sont néanmoins accrus, et son champ d’action concerne 495 millions d’habitants (contre 184 millions il y a trente ans). L’Europe occupe la scène ; elle ne passe pas la rampe. Pourquoi ?

 

Sans doute parce qu’aucune communauté politique continentale n’existe en réalité. L’espoir que la simultanéité de vingt-sept scrutins nationaux, presque toujours disputés autour d’enjeux internes, va déboucher un jour sur la naissance d’une identité européenne continue de relever de la pensée magique.

 

Quel Slovène a une connaissance même approximative des débats électoraux suédois, quel Allemand s’informe de la vie politique bulgare ? Le lendemain d’un scrutin européen, l’un et l’autre découvrent néanmoins qu’à Stockholm ou à Sofia le verdict des urnes peut avoir contredit le résultat de la seule élection à laquelle ils ont prêté quelque attention, et que leurs votes à eux n’ont en réalité désigné que 1 % (Slovénie) ou 13,5 % (Allemagne) du total des parlementaires de l’Union. Comment imaginer qu’une révélation de ce genre n’alimente pas chez l’électeur le sentiment de son inutilité relative ? Une impression que les gouvernants européens n’ont pas démentie en ignorant les choix successifs de trois peuples relatifs au traité constitutionnel, à l’issue d’une campagne qui, elle, avait suscité intérêt et passion.

 

En France, sept des huit circonscriptions électorales ont été découpées aux seules fins de favoriser les grands partis ; elles ne correspondent à aucune réalité historique, politique ou territoriale. Celle du Sud-Est accueille d’ailleurs pour chef de file un socialiste autrefois élu dans le Nord-Ouest et qui a qualifié de « crève-cœur » son propre parachutage. Il est pourtant élu d’avance, comme la ministre française de la justice, que l’objet du scrutin intéresse si peu qu’elle croit que c’est à La Haye, pas à Luxembourg, que siège... la Cour de justice des Communautés européennes. En Italie, M. Silvio Berlusconi avait carrément envisagé de présenter huit mannequins et actrices de soap operas comme candidates.

 

Et ce n’est pas tout. Les forces politiques qui ont depuis trente ans transformé ensemble le Vieux Continent en grand marché indéfiniment élargi à de nouveaux pays proposent soudain une Europe « qui protège », « humaniste », « sociale ». Or si socialistes, libéraux et conservateurs s’affrontent lors des campagnes nationales, ils votent ensemble à l’occasion de la plupart des scrutins du Parlement européen. Et ils se partagent les postes de commissaire — dont six attribués aux sociaux-démocrates, chargés notamment de la fiscalité, de l’industrie, des affaires économiques et monétaires, de l’emploi, du commerce. La peur de l’affrontement et la dépolitisation des enjeux favorisent la reconduction indéfinie de ce bloc gouvernant qui va « d’un centre droit spongieux à un centre gauche ramolli, en passant par une coalition libérale cotonneuse  (2 ».


Un tel verrouillage de l’alternance garantira-t-il la place de M. José Manuel Barroso à la tête de cet attelage au bilan plus que médiocre ? « Il a fait un excellent travail, je veux dire de façon très claire que nous le soutiendrons », a indiqué le premier ministre travailliste britannique Gordon Brown. Le socialiste espagnol José Luis Zapatero ne l’a aucunement contredit : « Je soutiens le président Barroso. » Il est vrai que MM. Brown et Zapatero ont le même programme, mais c’est celui du Parti socialiste européen (PSE). Auquel appartient aussi la dirigeante française Martine Aubry, qui, pour sa part, expliquait : « L’Europe que je veux, ce n’est pas une Europe dirigée par M. Barroso avec ses amis Sarkozy et Berlusconi. »

Aux électeurs de s’y retrouver...

 

NB: Les emphases sont d'IN

 


(1) Vaclav Havel, « A table for tyrants », The New York Times, 11 mai 2009.

(2) « An unloved Parliament », The Economist, Londres, 9 mai 2009.

 Dès les années 1950, un parfum d’oligarchie, par Antoine Schwartz et François Denord, juin 2009 (en kiosques).
« Si tu veux l’Europe, prépare la guerre », par Pierre Rimbert, octobre 2008.
Un demi-siècle après le traité de Rome, il ne s’agirait plus de faire l’Europe pour faire la paix. Mais de faire la guerre pour faire l’Europe.
  • « Irlande, par Serge Halimi, juillet 2008.
    Peu après le rejet par une large majorité d’Irlandais du traité de Lisbonne, la plupart des dirigeants européens firent savoir que le processus de ratification continuait... Que ses élites attentent à la souveraineté populaire, l’« Europe » en a l’habitude ; cela devient sa marque de fabrique.
  • « L’Union européenne d’une crise à l’autre » (A.-C.R.), la valise diplomatique, juin 2008.
    Après le « non » irlandais au traité de Lisbonne, l’embarras règne dans les capitales européennes. Réunis à Bruxelles, le 16 juin, les ministres des affaires étrangères ont suggéré… d’attendre.

  • More articles/videos:
    Europe
Partager cet article
Repost0
5 juin 2009 5 05 /06 /juin /2009 17:03


Horizons et Débats - Juin 2009

Tracasseries et tentatives de manipulation de l’UE

par Titine Kriesi



En juin 2008, l’Irlande a dit non au traité de Lisbonne. Cet automne, les Irlandais doivent de nouveau s’exprimer par référendum. Peu respectueux de l’opinion des citoyens, les fonctionnaires de l’UE ne reculent devant aucune manipulation, tracasserie ou entourloupe.



Comme s’il ne lui suffisait pas d’avoir déclenché, au moyen d’une lourde propagande qui coûte 2 millions d’euros et comprend une série de conférences données par des commissaires européens de haut rang, le gouvernement irlandais lui-même organise une tournée de propagande, dilapidant ainsi les deniers publics. Face à un taux de chômage qui augmente de manière vertigineuse, on essaie de manipuler l’opinion majoritaire par la promesse irresponsable selon laquelle le «oui» au Traité de Lisbonne permettra d’améliorer la situation économique et financière du pays. Les Irlandais doivent finir par comprendre que s’ils changent d’avis, tout ira mieux pour eux. Les mouvements citoyens de défense du «non» s’attendent, cette fois-ci, à des campagnes encore plus dures et plus malhonnêtes.



On sait que les chefs d’Etat et de gouvernement n’ont pas accepté le résultat du scrutin irlandais. Pour faire basculer la majorité irlandaise en faveur du «non», même l’Allemagne pro-UE n’a pas reculé devant les manipulations les plus primitives et les calomnies. On a, par exemple, traité les Irlandais de «colériques» (SPD) et l’ambassadeur d’Alle­magne a brandi la menace, en cas de «non» réitéré cet automne, de «conséquences terribles». Voici le commentaire de Patricia McKenna, présidente du People’s Movement: «Il est extrêmement arrogant de la part de l’Alle­magne d’exercer ainsi des pressions sur l’Irlande pour qu’elle accepte un traité qu’elle n’a elle-même pas encore ratifié. La chancelière Merkel serait bien inspirée de se pencher sur les craintes authentiques de ses propres citoyens plutôt que de tenter d’intimider les Irlandais en les faisant voter à nouveau sur un projet qu’ils ont nettement rejeté.»1

Malhonnêteté du gouvernement irlandais mobilisé contre la majorité du peuple


En effet, l’Irlande avait à peine refusé le Traité de Lisbonne que le Premier mi­nistre irlandais Brian Cowen, de concert avec Sarkozy, Merkel et le président de l’UE Barroso, a tout de suite planifié un deuxième scrutin, se moquant ainsi de la volonté du peuple. Après que Bruxelles a fait payer aux contribuables européens une coûteuse tournée de propagande à travers toute l’Irlande, voilà que le gouvernement irlandais se met à plumer ses contribuables en vue de campagnes à la radio et sur Internet. Et cela bien que la Broadcasting Complaints Commission irlandaise ait accepté une plainte contre la Commission européenne et interdit la propagande gouvernementale en faveur du «oui» en la qualifiant de «propagande politique». Dépenser 500 000 livres sterling pour faire accepter aux citoyens un projet qu’ils ont déjà refusé représente une dilapidation scandaleuse des fonds publics, comme le confirme également Lou McDonald, députée au Parlement européen et vice-présidente du Sinn Féin:2 Mécontent du verdict de son peuple, Cowen a entrepris, immédiatement après l’annonce du résultat du scrutin, une analyse de l’attitude des votants, projet profondément malhonnête d’un gouvernement malhonnête.

«Garanties» en faveur de l’Irlande, autre tromperie de l’UE


Face au Traité de Lisbonne, l’Irlande a exprimé des craintes quant à la politique fiscale, à son statut de pays neutre, à la militarisation, à la politique sociale et familiale ainsi qu’à la représentation équilibrée de tous les pays membres à la Commission européenne. C’est pourquoi Sarkozy avait l’intention d’offrir aux Irlandais un susucre avant le deuxième scrutin en leur accordant de so­lides garanties. Cowen a insisté à maintes reprises sur le fait que ces garanties, promises par les leaders de l’UE en décembre dernier, devaient être «solides» pour permettre de calmer l’opinion irlandaise.3 «Tout en respectant le fait que cela ne corresponde guère aux aspirations des autres pays membres de devoir ratifier le Traité de Lisbonne encore une fois, j’ai tenu, pour ma part, à préciser que le Traité de l’UE devait être complété à la prochaine occasion avec ces garanties juridiques.»4 Ce qui ne se fera pas, semble-t-il, sans poser des problèmes. Andrew Duff, membre libéral du Parlement européen, estime qu’un protocole spécifiquement irlandais comportant des garanties spécifiques est juridiquement impossible ou que du moins il faudra des années pour qu’il soit intégré dans les traités de l’UE. Une procédure compa­rable pour le Danemark a pris cinq ans. La plupart des observateurs européens pensent que les pays membres de l’UE n’accepteront pas, pendant de longues années, une nouvelle réforme du Traité.

Il faut en finir avec les pressions, les calomnies et les flatteries de l’UE


Dick Roche, ministre européen des Affaires européennes, est pourtant convaincu que la prise en compte des craintes irlandaises n’est pas un problème pour les 26 autres pays membres: «Une fois ces garanties fixées, au mois de juin, à la satisfaction de l’Irlande et des autres pays, le gouvernement irlandais pourra présenter à son peuple un paquet exhaustif de mesures qui tiennent compte des préoccupations les plus importantes quant au Traité de Lisbonne.»5 Pourquoi cette fébrilité, M. Roche? Puisque chacun sait que si l’on veut réussir quelque chose, il ne faut pas se presser. Roche déclare en pontifiant qu’il s’agira de tirer les leçons du «non» irlandais. La population irlandaise a pourtant, selon lui, manifesté un authentique intérêt pour l’idée bruxelloise et elle sera vraiment disposée à répondre de manière positive à ses projets aujourd’hui.

Les Irlandais ont maintenant atteint un niveau supérieur de compréhension (sic!)6. Il ose conseiller à l’Irlande de prendre des mesures éner­giques pour maîtriser ses finances, construire un système bancaire solide et améliorer sa compétitivité au sein de l’UE. Pour sortir de la récession, elle doit renforcer sa position au sein de l’UE. Le meilleur moyen est de voter «oui» puisque cela permettra de ratifier le Traité de Lisbonne. Ce n’est que grâce à l’aide de l’UE que l’Irlande s’est redressée, qu’elle a changé.

L’UE est de plus en plus dominée par un petit nombre de grands Etats qui créent une insécurité juridique. Tous les moyens leurs semblent bons pour faire en sorte que les Irlandais finissent par voter «oui». Les manipulateurs de l’UE faussent depuis longtemps le vrai débat, si bien que la plupart des 500 millions de citoyens européens, et d’autres également, n’ont aucune idée des véritables dangers que représente le Traité de Lisbonne: perte de la souveraineté face à des décisions centralisées, néolibéralisme, militarisme d’orientation UE/USA/OTAN, peine capitale. Ils ne savent absolument pas quels droits et libertés ils ont vraiment perdus et quelles promesses en l’air on leur fait.

Mouvement citoyen: non à la dimension militaire!


Il en va tout autrement de l’organisation pacifique irlandaise Peace and Neutrality Alliance (PANA) qui conçoit l’Europe comme un partenariat entre des Etats souverains et démocratiques sans dimension militaire (Partnership Europe). Le mouvement citoyen suédois Folkrörelsen Nej till EU (Mouvement citoyen pour un non à l’UE) se déclare solidaire du mouvement citoyen irlandais. Certains députés de différents pays européens s’opposent également au Traité de Lisbonne. Dans une lettre ouverte rédigée conjointement et intitulée Le «oui» au Traité de Lisbonne signifie la fin de la démocratie»7, ils critiquent le Traité et encouragent la population irlandaise à voter «non» lors du prochain référendum. Et puisque les citoyens irlandais sont les seuls citoyens européens à avoir le droit de s’exprimer, les signataires demandent aux Irlandais «de profiter de cette occasion et de voter pour nous tous».

Un mouvement citoyen exige de l’UE un protocole de neutralité

•    L’Irlande ne participera ni à des décisions concernant la défense ni à leur application.
•    L’Irlande ne s’opposera pas au dé­veloppement d’une étroite colla­boration entre les autres Etats
membres.
•    L’Irlande ne participera pas à l’adoption de mesures militaires ni au financement de leur application.
Source: Kritiska EU-Fakta no 112, février 2009

Que va-t-il se passer si, cet automne, les Irlandais torpillent avec leur «non» le Traité de Lisbonne? Ce sera un coup mortel porté au Traité et Jochen Schulz, ancien lieutenant-colonel des forces aériennes de l’OTAN, aura eu raison de dire que «le Traité de Lisbonne n’était dès le départ qu’un enfant mort-né»8. Si l’UE se veut démocratique, le «non» irlandais mérite d’être accepté et respecté. Non c’est non.

1     Extrait du communiqué du People’s Movement
2     An Phoblacht, 30/4/09
3     The Irish Times, 2/4/09
4    ibid.
5    The Irish Times, 5/5/09
6    ibid.
7    «Irish Examiner», 22/5/09. Ont signé la lettre ouverte Harry van Bommel, MP, Pays-Bas; Jeremy Corbyn, MP, Grande-Bretagne; Jean-Paul Lecoq, MP, France; Lars Ohly, MP, Suède; Paul Schäfer, député du Bundestag, Allemagne.
8    Lettre de lecteur de Jochen Scholz.

http://www.horizons-et-debats.ch/index.php?id=1606

Partager cet article
Repost0
5 juin 2009 5 05 /06 /juin /2009 16:03

Le Grand Soir
5 juin 2009

Une enquête du Mouvement politique d’éducation populaire (MPEP)

La présente enquête est la première du genre, aucune autre organisation politique, à la connaissance du M’PEP, n’a encore conduit ou publié des travaux tentant d’y voir clair dans les pouvoirs du Parlement européen – ou plutôt son absence de pouvoir - et sur les raisons de cette situation. Elle est un document de référence qui a vocation à être amélioré au fil du temps. Le M’PEP joue ainsi son rôle d’éducation populaire, même si la matière est complexe et parfois austère. Tous ceux qui ont des observations à faire à cette enquête sont cordialement invités à réagir.


Résumé


Une vaste opération d’enfumage s’est orchestrée à la fin de la campagne pour les élections européennes du 7 juin 2009. Les partis et listes pro-système, en effet (UMP, PS, MoDem, Europe-Ecologie) ont appelé à voter en leur faveur car le Parlement européen permettrait de changer les politiques et le fonctionnement de l’Union européenne.

Ainsi l’UMP Gérard Larcher, président du Sénat, affirme que « Depuis les changements apportés par les traités de Maastricht, d’Amsterdam et de Nice, aucune décision essentielle en Europe ne peut être prise sans l’accord du Parlement européen » (Le Monde, 2 mai 2009). Même argumentation pour le PS, « Pour changer l’Europe, il faut une majorité de gauche au Parlement européen » (L’Humanité, 27 avril 2009). Certains considèrent même que cette élection aurait un caractère « historique » !


C’est faux ! Indépendamment de sa majorité, le Parlement européen n’aura pas les moyens de changer les politiques et le fonctionnement de l’Union européenne !


Mais alors pourquoi voter, pourraient se demander des électeurs, si ce sont toujours les mêmes politiques ? Cette question est fondamentale car elle perturbe profondément la gauche qui n’y donne pas une réponse satisfaisante et qui encourage ainsi, involontairement, l’abstention. Il faut rappeler que le Parlement européen est encadré par les traités européens qui sont tous d’essence libérale en matière de conception de l’économie. Comment le Parlement européen pourrait-il aller à l’encontre de ces traités et proposer des mesures antilibérales dans les domaines économique et social, par exemple le contrôle des mouvements de capitaux, alors que les traités l’interdisent ? Par nature, au-delà de la collusion entre le Parti populaire européen (PPE : droite) et le Parti socialiste européen (PSE), le Parlement européen ne peut finalement agir qu’à la marge.


Une partie de la gauche craint que le rappel de ces vérités élémentaires démoralise les électeurs (« il ne faut pas désespérer Billancourt ») et qu’il faudrait par conséquent les masquer, enjoliver la réalité et faire croire que le Parlement européen pourrait changer l’Europe, voir même « changer d’Europe ». C’est l’inverse qui est vrai ! Les électeurs attendent un discours de vérité et d’honnêteté sur l’Union européenne. Ce sont les silences, les ambigüités, les non-dits, les approximations et même la méconnaissance ou les mensonges sur les prétendus pouvoirs du Parlement européens qui alimentent une partie de l’abstention. La compréhension de la réalité, quelle qu’elle soit, est toujours le facteur premier pour changer la réalité !


Le 7 juin, il faudra donc voter les yeux ouverts, et donner un sens politique à son vote qui aille au-delà de la seule question du Parlement européen, à partir du « principe des trois tiers » : un tiers des raisons de voter pour élire des parlementaires européens (sur les listes du Front de Gauche) ; un deuxième tiers pour exprimer ses conceptions de l’Union européenne ; un troisième tiers lié à la politique intérieure française.


1.- Les origines de la création du Parlement européen et de ses « pouvoirs » sont à rechercher dans la volonté des classes dirigeantes de donner une « image » démocratique à la « construction » européenne


En se fixant pour priorité la « construction » européenne, les classes dirigeantes voulaient s’opposer au progrès des luttes sociales et des forces de gauche en Europe dans les années 60 et 70. La situation sociale, idéologique et politique en effet était très agitée, les luttes sociales étaient particulièrement vives dans la plupart des pays européens. Sur le plan idéologique, la critique du capitalisme et les débats sur le socialisme et l’autogestion n’étaient pas limités à quelques cercles restreints mais concernaient une large fraction de la population, notamment dans le mouvement syndical et la jeunesse. Sur le plan politique et électoral, cinq pays suscitaient les plus grandes inquiétudes pour les classes dirigeantes : la Grèce, l’Espagne, le Portugal, la France et l’Italie. Plus particulièrement, la « stratégie de la tension » en Italie visait à empêcher l’accession au pouvoir du PCI (qui faisait 35% des voix) et du PSI (qui en faisait 10%). L’ « eurocommunisme » en cours de constitution menaçait les équilibres politiques traditionnels.


En créant un parlement européen élu au suffrage universel, il s’agissait pour les fondateurs de la Communauté européenne d’acquérir une légitimité démocratique pour contourner et dériver l’aspiration au changement qui montait en Europe depuis le milieu des années 60. D’autant que pour les élites européennes, et même parmi certains milieux de gauche, la nation serait responsable de tous les maux dont a souffert l’Europe. Dès lors, la recherche d’un « peuple européen » et d’une « société civile européenne » serait censée permettre le dépassement des nations et des nationalismes. L’invention purement abstraite de ce « peuple européen », qui n’a strictement aucune réalité, sert à prétendre qu’une forme de démocratie supranationale serait possible à l’échelle européenne, et que le Parlement européen pourrait en être une pièce maîtresse.


Mais comment penser la démocratie en dehors de la souveraineté nationale et populaire ? L’idée d’une citoyenneté multinationale ou plurinationale est une contradiction dans les termes, sauf si l’Union européenne se transforme en un Etat-nation. Mais alors elle pourrait être accusée à son tour de générer une forme de nationalisme : l’européisme.


Il vaut mieux « tenir que courir » : nulle autre forme politique n’apparaît encore pour prendre le relai de l’État-nation. Les nations sont des « unités de volonté politique » et le premier lieu d’exercice de la participation et de la socialisation politiques.


La gauche a été marquée historiquement par des valeurs essentielles comme la République universelle et l’internationalisme. C’est pourquoi la recherche d’un deuxième niveau de démocratisation, au niveau transnational, ou même un Etat multinational sont des perspectives vers lesquelles la gauche doit réfléchir. Mais c’est en s’appuyant sur les traditions nationales construites au cours des siècles que ces perspectives sont envisageables qui ne sont ni le repli national, ni l’aventurisme fédéral.


La gauche doit être d’autant plus à l’aise pour aborder ces questions, que c’est en Europe qu’est né le socialisme ! Comme le disait Marx, c’est en Allemagne qu’est née la philosophie, en Angleterre qu’est née l’économie politique et en France qu’est né le socialisme politique.


Les oligarques européens veulent faire croire que le Parlement européen aurait des pouvoirs équivalents à ceux d’un vrai parlement. Mais le Parlement européen n’est pas un vrai parlement, il n’en possède ni les compétences, ni les prérogatives, ni surtout la légitimité. C’est tout à fait logique et cohérent parce que l’Union européenne n’est pas une construction supranationale ou fédérale, mais intergouvernementale (interétatique). Le pouvoir législatif doit donc revenir aux Etats membres, chacun comptant pour un. Imaginons le cauchemar que serait un Parlement européen disposant d’un véritable pouvoir législatif. Il voterait alors la « loi » européenne, entrainant les conséquences suivantes :


* Soumission des parlements nationaux qui perdraient leur raison d’être, faisant voler en éclat le principe de la souveraineté nationale. Ce dernier ne serait nullement remplacé par un nouveau principe qui pourrait s’intituler « souveraineté européenne » puisqu’il n’existe pas de « peuple européen ».


* Disparition du Conseil qui est aujourd’hui l’institution essentielle de l’Union européenne puisque le système ne serait plus intergouvernemental mais fédéral (comprenant des nations sans pouvoir intégrées à un ensemble plus vaste), système dans lequel les gouvernements nationaux n’ont pas de place.


* Gonflement de la Commission qui deviendrait un véritable Etat européen.


Cette perspective fait froid dans le dos, et il est heureux que le Parlement européen ne dispose pas du pouvoir législatif.


2.- Les procédures de décision impliquant le Parlement européen montrent le peu de pouvoirs de ce dernier


Le pouvoir législatif du Parlement européen est en réalité soumis à celui du Conseil. Il existe cinq procédures différentes dans lesquelles le Parlement européen intervient pour l’élaboration et l’adoption des actes législatifs : la « consultation » ; la « concertation » ; la « coopération » ; la « codécision » et l’ « avis conforme ». Aucune de ces procédures ne peut être assimilée à véritable pouvoir.


3.- La conception internationale de l’Union européenne ne peut permettre au Parlement européen de jouer un rôle législatif significatif


Le Parlement européen n’a aucun pouvoir d’initiative (réel, garanti), en aucune matière (à de très rares exceptions renvoyant à des cas triviaux. C’est la Commission qui détient le monopole de l’initiative des actes législatifs dans la plupart des matières. Certes, le Parlement européen « peut, à la majorité absolue, demander à la Commission de soumettre toute proposition appropriée sur les questions qui lui paraissent nécessiter l’élaboration d’un acte ». Mais la Commission peut toujours rejeter cette demande !


Le Parlement européen ne peut proposer de nouveaux traités, les ratifier, les réviser, les interpréter, en contrôler l’application. Pourtant, dans la plupart des pays démocratiques, les traités sont ratifiés par le Parlement. Or, dans le cadre de l’Union européenne, le Parlement est mis à l’écart car les traités « lient les institutions » de l’Union européenne et les États membres, non le Parlement européen. Et c’est tout à fait logique.


Le Parlement européen ne peut déroger au cadre « idéologico-législatif » fixé par les traités. De nombreuses orientations législatives sont imposées par les traités eux-mêmes, le Parlement européen n’ayant pas le droit de déroger à ce cadre. Ses pouvoirs semblent avoir été choisis précisément parmi ceux qui ne permettent pas de sortir de ce cadre idéologique. S’ajoute l’objectif « de maintenir intégralement l’acquis communautaire et de le développer ». Autrement dit, rien ne doit venir modifier l’orientation libérale de l’Union européenne.


4.- Le Parlement européen, logiquement, n’a pas et ne peut avoir de pouvoirs dans les domaines régaliens


Le Parlement européen n’a pas de pouvoir en matière de : politique monétaire ; Politique étrangère et de sécurité commune (PESC) ; Politique commerciale commune ; contrôle des capitaux et paiements internationaux ; concurrence et de politique économique commune ; Politique agricole commune (PAC) ; Coopération policière et judiciaire en matière pénale (CPJP) ; contrôle du respect des droits fondamentaux ; politique judiciaire. En outre, le Parlement européen ne pouvant intervenir sur les recettes, n’a pas le pouvoir budgétaire d’un vrai parlement.


5.- Le Parlement européen ne peut qu’être « consulté » ou donner un « avis » dans un grand nombre de domaines


6.- Le Parlement européen a peu de pouvoirs en matière de fonctionnement de l’Union européenne


Par exemple le Parlement européen ne peut pas contrôler l’évolution de l’Union européenne. C’est le Conseil européen qui « donne à l’UE les impulsions nécessaires à son développement et en définit les orientations politiques générales ». Il présente au Parlement européen un rapport à la suite de chacune de ses réunions, ainsi qu’un rapport écrit annuel concernant les progrès réalisés par l’Union européenne…


Le Parlement européen n’a aucun pouvoir pour fixer les langues de travail des institutions européennes ; ni aucun rôle en matière de « coopérations renforcées ». Il ne peut pas véritablement contrôler la Commission, même si sur le papier il peut la contraindre à la démission. Le Parlement européen n’a pas la totale maîtrise de son fonctionnement ; il ne joue aucun rôle en matière de statuts et rémunérations des fonctionnaires de l’Union européenne.


7.- Les pouvoirs dont dispose le Parlement européen ne lui permettent pas de changer le fonctionnement ou les politiques de l’Union européenne


La « codécision » concerne de nombreux domaines, mais aucun parmi ceux jugés les plus politiquement « sensibles ». Quant à l’ « Avis conforme », il est purement formel. D’autres mini-pouvoirs sont d’ordre purement cosmétique et concernent différents domaines, tous mineurs.


En matière de budget, le Parlement européen ne peut intervenir que dans le domaine des « dépenses non obligatoires », le pouvoir de décision appartenant au Conseil pour les « dépenses obligatoires ».


Pour lire ou imprimer l’ensemble du texte, cliquez ici :
http://www.m-pep.org/spip.php?article1352

http://www.legrandsoir.info/Le-verite-sur-les-menus-pouvoirs.html

C'est nous qui soulignons

Partager cet article
Repost0
1 juin 2009 1 01 /06 /juin /2009 17:04



Tribune sur les Elections européennes


Patrick MIGNARD


A grand renfort de tambours et trompettes, gavé-e-s de promesses et de clins d’œil, vous vous apprêtaient à aller « remplir votre devoir de citoyen-ne ».


Vous allez, l’espace d’un instant – en glissant l’enveloppe dans l’urne – avoir la sensation de vivre un « orgasme démocratique  », croire naïvement que vous participez à une œuvre de salubrité publique, à un grand moment de « vie citoyenne ».


Le bulletin – quelle que soit sa couleur politique – n’est en réalité qu’un passeport de capitulation politique , de démission citoyenne , un « chèque en blanc » pour des politiciens qui se contrefichent de ce que vous pouvez penser, souhaiter, désirer .


Rappelez vous comment la volonté populaire en France concernant le Traité Constitutionnel Européen a été bradée, violée, détournée par les politiciens sans scrupules.


Les prochaines élections européennes sont une nouvelle et ultime humiliation pour les peuples de l’Europe. Tout ce que l’Europe compte de bureaucrates politiques, d’arrivistes, de démagogues, d’assoiffés de pouvoir et de fric, de gestionnaires d’un système qui nous mène au désastre social et écologique, sont entrain de nous mendier une légitimité . On peut d’ailleurs constater que ce sont les mêmes profiteurs qui mangent à tous les râteliers – élections locales, nationales, européennes .


Ils vont venir nous faire pleurer au nom d’un « avenir radieux », au nom des « morts des conflits passés », au nom de la « modernité » (mot « passe partout » instrument de toutes les liquidations des acquis sociaux et politiques) et nous supplier de voter en nous expliquant, la voix chevrotante et la larme à l’œil, que des «  hommes et des femmes sont morts pour le droit de vote » Ben voyons ! …


Pensez vous vraiment que les victimes de la lutte pour la démocratie, la liberté et l’égalité auraient donné leur vie pour le système inégalitaire et mortifère dans lequel nous vivons aujourd’hui ? Pour permettre à des profiteurs de se gaver à nos dépends ? Leur permettre de liquider les services publics, la protection sociale, les retraites qu’ils avaient créés à la Libération ?


Demandez à celles et ceux que vous allez élire qu’elles sont leurs conditions de vie, leurs revenus, leur retraite, leur régime de protection sociale, leurs conditions de déplacement… alors qu’ils restreignent systématiquement les nôtres.


Vous faites partie certainement de cette proportion conséquente de naïfs, d’inconscients qui vont une fois encore se faire piéger. Je me permets d’être franc avec vous, n’ayant aucune prétention politicienne… Par contre celles et ceux pour qui vous allez voter ont la même opinion que moi vous concernant , mais eux vont vous flatter, vous caresser dans le sens du poil, tenter de vous séduire… pour avoir vos voix.


On sait ce que vaut la parole de ces individus.


Cette Europe que tous les politiciens, à quelques nuances près, essayent de nous vendre est une véritable escroquerie politique  : un Parlement croupion qui donne l’illusion de la démocratie, une Commission qui fait la « pluie et le beau temps », parfaitement bureaucratique et animée du plus pur esprit du « libéralisme », dont on peut mesurer aujourd’hui les dégâts… le tout sous la dictature de fait des groupes de pressions (lobbys) qui font, eux, réellement, les décisions. Ceci donne par exemple, la « loi sur les étiquetages  » qui permet aux industriels toutes les escroqueries sur le prix et le poids,… liberté totale pour les producteurs et distributeurs au détriment du consommateur qui n’a qu’une seule chose à faire : payer.


Plus nous avançons dans le temps, plus la situation sociale et économique se gâte, se durcie, plus les inégalités se creusent, l’environnement se dégrade. Nos enfants et nos petits enfants auront, paradoxalement, un niveau de vie inférieur au notre, n’auront plus de protection sociale, de retraites, ne bénéficieront plus de services publics. Les écoles, les Université, les hôpitaux, seront – ils le sont déjà en partie – livrés à la loi du profit…. Et c’est dans cette Europe que se forge cette liquidation.


Tous les acquis sociaux sont entrain d’être bradés par des politiciens qui nous couvrent de promesses mais n’obéissent, à Bruxelles qu’aux lobbys qui constituent dans la capitale belge la principale activité.


Votre opinion, votre voix ne valent rien, face aux intérêts des lobbys. Elles ne sont que les cautions « démocratiques » d’un système qui s’auto alimente à nos dépends et pour le profit de quelques uns – sachez par exemple que la Reine d’Angleterre, entre autres, touche des subventions agricoles en tant que propriétaire terrienne ( ?).


Tous ces individus n’ont besoin que d’une chose pour assouvir leur soif de pouvoir et assurer leur existence sociale parasitaire : la légitimité populaire . Une fois qu’elle leur est acquise – à force de séduction et de démagogie - ils opèrent à leur guise, en faveur d’un système économique et politique qui, nous le voyons aujourd’hui, nous conduit à la ruine sociale et au désastre écologique.


Ils se bâtissent une carrière politique, grassement rémunérée, tout en nous demandant à nous de nous serrer la ceinture. Eux si prolixes en explications, sont des plus discrets sur leurs revenus, avantages et privilèges.


Bien sûr, de bons apôtres, démocrates à souhait, écologistes plus verts que vert, altermondialistes comme ce n’est pas permis, voire « révolutionnaires » (sic)… vont vous expliquer qu’avec eux ce sera différent … Ben voyons !


Ils vont vous mettre sous le nez des promesses mirifiques, des programmes alléchants, se livrer à des démonstrations aussi brillantes que théoriques, élaborer des scénarios qui seront autant de « planches de salut » pour les pauvres citoyens que nous sommes… et une bonne proportion de naïfs va leur faire, une fois encore, confiance.


Que restera-t-il de tout cela une fois les élections passés ? Rien , rigoureusement rien .


Qu’ont fait les écologistes, les « révolutionnaires » qui ont été élus au Parlement Européen jusqu’à présent ? Rien…. A si, soyons juste, des discours, des déclarations… Mais à regarder où nous en sommes… Rien ,… rigoureusement rien.


Bien sûr, on va vous expliquer que « si vous ne votez pas,… vous votez pour la Droite  ». Argument classique, éculé et bien évidemment faux.


1er argument :
la Droite vous demande aussi avec insistance de voter ! Donc ….


2e argument :
êtes vous vraiment sûr que les Socialistes au Pouvoir c’est mieux… Voyez DSK au FMI et Pascal Lamy à l’OMC… tous deux socialistes.


3e argument :
les jeux sont déjà faits. Tout l’arsenal médiatique, idéologique est là pour conditionner et séduire… les résultats, à quelques détails près, sont connus d’avance… On parie à propos du résultat,… et sur les suites ?


4e argument :
les candidats dits « alternatifs » n’ont aucune chance dans ce contexte d’être majoritaires, et même s’ils l’étaient que feraient-ils ? Ils feraient la « révolution » ?… et sur quelle base concrète ? Non, ça n’est pas sérieux… Ils veulent tout simplement faire une carrière et assurer des finances pour leurs organisations.


5e argument : l’expérience du Traité Constitutionnel Européen, rejeté par référendum, mais finalement adopté, suite à une entourloupe anti démocratique, est là pour nous signifier clairement que notre avis n’a aucune importante .


Notre avis ne les intéresse pas, ce qui les intéresse c’est le geste de voter qui donne tout son sens – sa légitimité – à leurs pratiques qui n’ont rien à voir avec nos intérêts.


Certes, l’abstention n’est pas une fin en soi, mais encore faudrait-il que voter ait encore un sens…


Enfin, une forte abstention délégitimera les politiciens, au pouvoir fragilisé, et donnera une légitimité accrue à la désobéissance civique, moyen d’opposition et de résistance qui s’impose de plus en plus.


Ne leur donnons pas ce qu’ils ont besoin pour nous enfoncer encore plus, la légitimité.


Patrick MIGNARD


http://www.legrandsoir.info/article8665.html

Les emphases sont d'IN
Partager cet article
Repost0
13 mai 2009 3 13 /05 /mai /2009 10:24

Democratic forces in Berlusconi’s Italy are increasingly beleaguered. More than ever they need our support, not our silence and consent


Until the rise of Silvio Berlusconi in 1994, few would have thought that a major western European country could once again fall under something resembling the spell of fascism. Fifteen years later, Italy is unrecognisable, home to a process of political change that should be watched – and feared – by everyone in Europe. It is a warning of how the fabric of democracy can be progressively undermined from within, and that, far from being external and alien, the seeds of authoritarianism lie within the body politic.

The term fascism is so defined by powerful historical imagery that the phenomenon itself seems to be of historical relevance only; yet Berlusconi is an extremely modern figure, reflecting the worst and most insidious features of contemporary western and, in particular, Italian culture. Nor should our concerns be lessened or diluted by what might be described as the more superficial and comical aspects of Italian culture: non-Italians generally see both Mussolini and Berlusconi, to some degree, as figures of fun and ridicule. Every nation has its specificities.

Berlusconi enjoys ever-growing power. In a country which, by way of a deliberate response to the Mussolini experience, has had weak and short-lived governments since the Second World War, there seems little doubt that he will see out his full five-year term. His party, the self-styled People of Freedom, dominates the government majority in a way quite different from the rancorous divisions of his previous administrations. The opposition left, which, ever since the rise of Berlusconi, has been a story of miserable failure – a patent inability to grasp what he represented and how he needed to be fought, outwitted at almost every stage – is ineffectual and rudderless, in desperate need of a latter-day Gramsci or Togliatti to give it a sense of direction. But neither of these features – the unity of the right and the ineffectuality of the left – is the key to understanding Berlusconi as a totalitarian and anti-democratic political phenomenon.

That lies in two other characteristics: the erosion of independent centres of power and authority, combined with Berlusconi’s ownership and control of large sections of the media; and the steady moulding of a new, popular common sense. That Berlusconi owns three of the major TV channels in Italy and controls another three in his capacity as prime minister, as well as having a major stake in newspapers, magazines and publishing (not forgetting the football club he owns, AC Milan), has been crucial, from the outset, to
his ability to influence public opinion. There is no other European country where there is such a coincidence of personal, political and media power.

Meanwhile, he has systematically fought to discredit the judiciary, accusing the judges of being agents of the left, to the point where, from being heroes of the “Tangentopoli” scandal in the early 1990s, they are now widely discredited. Or, to put it another way, bit by bit the separation of powers, so crucial to the well-being of any democracy, is being undermined and replaced by an extraordinary concentration of power in the hands of one man.

It is the shaping of a new, popular common sense, the usurping of old values and their replacement with other norms, that is ultimately the most important characteristic of the new authoritarian regime, because this is what provides it with its popular support and credibility. As with fascism, so with Berlusconism, or however we might describe it – populism is fundamental to its success.

A new mood is transforming Italy. There is a belief that Berlusconi will be in power for many years to come; that there is no alternative; that he embodies the true spirit and nature of Italy (including its sexual proclivity); that he has been the victim of a conspiracy by communist judges; that only he can save the country from communism. It is no accident that his party is called the People of Freedom, given that Berlusconi seeks to equate the people with the party, so that the party becomes the people. In similar vein, he has suggested that Liberation Day, commemorating the defeat of fascism, should be called Freedom Day.


The country is the subject of a steady process of Berlusconisation in which Italy, from its history to its state, from the representation of women to the legal system, is redrawn in his image. Berlusconi has already made it clear that when his prime ministerial term finishes he intends to become president, though only once the presidency has been refashioned by constitutional reform into the overriding and dominant institution within the political system.


One might ask: what is all of this in aid of? What is Berlusconi’s project? In grand terms, one could say very little. There is no Thatcher-style economic revolution. There is no great national project to restore Italy as a great power. On the contrary, it would seem to have been motivated from the outset by his desire to protect his media empire from the numerous charges of corruption, some proven, which threatened him with a lengthy prison sentence. In time-honoured Italian style, he used the state as a means of securing his own interests and, having achieved that, proceeded to broaden his political ambitions.


The prospect now facing Europe is that one of the founder members of the Common Market, a signatory of the Treaty of Rome, will over the next decade become an increasingly totalitarian state, subject to a kind of creeping fascism. Hitherto, Europe has remained quiet about Italy’s turn away from democracy, treating Berlusconi as a kind of recalcitrant child (though our former prime minister Tony Blair went rather further, and befriended him). With Berlusconi now set to remain in office for the next four years, enjoying ever fewer constraints on his power, Italy is headed down the road to becoming western Europe’s first postwar authoritarian state since the defeat of fascism on the Iberian Peninsula.


Isn’t it time for Europe to speak out? Hasn’t the moment arrived when Labour should express its concerns about Berlusconi? The democratic forces in Italy are becoming increasingly beleaguered: more and more they will need our help and solidarity, not our silence and implicit consent.


Martin Jacques writes fortnightly in the New Statesman

http://www.newstatesman.com/europe/2009/05/berlusconi-italy-fascism-power

Partager cet article
Repost0
6 mai 2009 3 06 /05 /mai /2009 04:09
Par Chris Marsden   

 

wsws  

5 mai 2009 



Ce qui est particulièrement révélateur dans les perspectives économiques mondiales publiées la semaine dernière par le Fonds monétaire international (FMI) c’est son évaluation de la situation de précarité des économies européennes.

Le FMI a décrit les Etats-Unis comme se trouvant au centre de la crise économique mondiale mais a également prédit une aggravation de la récession en Europe. Il évalue que l’économie de la zone euro se contractera de 4,2 pour cent cette année, une prévision considérablement pire que sa prédiction de janvier qui était de 2 pour cent.

Les Etats de l’Union européenne (UE) sont criblés de dettes massives dues à des renflouements et des plans de sauvetage correspondant à des garanties financières se chiffrant à 2,3 mille milliards d’euros, 300 milliards d’euros en programmes de récapitulation et 400 milliards d’euros supplémentaires comprenant divers programmes de sauvetage et de restructuration.

Le service statistique de la Commission européenne, Eurostat, a relevé que l’Europe était plongée dans une profonde récession économique avec une chute de 34,5 pour cent des entrées de commandes industrielles par an. Le déficit extérieur (de la balance commerciale) de la zone euro a atteint 57,3 milliards d’euros au dernier trimestre de 2008, près de trois fois le montant de celui de la même période de 2007. Ce ne sont pas seulement les exportations qui déclinent en raison de la récession mondiale. Les investissements directs opérés par l’UE à l’étranger s’étaient élevés à tout juste 23,9 milliards d’euros durant les trois derniers mois de 2008 contre 171,9 milliards d’euros au quatrième trimestre de 2007. Les investisseurs étrangers ont également désinvesti dans l’UE.

Les coûts de renflouement et la baisse des recettes fiscales dus à la récession ont occasionné une montée en spirale des déficits gouvernementaux qui sont passés à 2,3 pour cent du PIB pour les 27 nations communautaires combinées. Dans la zone euro, la dette publique s’est élevée à 69,3 pour cent du PIB contre 66 pour cent fin 2007 et à 61,5 pour cent contre 58,7 pour cent dans l’Union européenne.

On s'attend à ce que le PIB européen chute de 1,2 pour cent et, selon un rapport du comité consultatif économique européen (European Economic Advisory Group), que l’économie se contracte de 2 pour cent.

Le taux chômage devrait augmenter en moyenne de huit pour cent.

Le FMI a dit que la zone euro serait confrontée à une récession pire que celle que connaissent les Etats-Unis, en se plaignant de ce que la Banque centrale européenne était trop lente à réagir à l’imminente récession et que la politique financière de l’Europe n’était pas appliquée de façon « suffisamment complète et coordonnée ».

Il y a une inquiétude particulière sur l’état du système bancaire européen. Alors que les banques américaines ont provisionné environ la moitié de leurs pertes, les banques européennes n’en ont couvert jusqu’à maintenant qu’un cinquième. Dans un avertissement sombre, le FMI a remarqué que les pertes totales élimineraient l’ensemble des actifs bancaires mondiaux.

Le Financial Times rapporte que le cabinet de recherche Independent Credit View (I-CV) suisse, sis en Suisse, a averti d’une « deuxième vague » de stress relié aux dettes déferlant sur l’Europe dans des conditions où les banques disposent de bien moins de coussins en termes de réserves que les banques américaines.

Peter Jeggli, le fondateur d’I-CV, a déclaré, « Le plus grand risque se trouve en Europe… Les Américains ont dépassé la courbe. Les banques européennes sont exposées aux transactions immobilières américaines et aux problèmes existant en Europe de l’Est et en Espagne où la situation prend un tournant dramatique. Nous pensons que les caisses d’épargne espagnoles sont pratiquement en faillite et nécessiteront un renflouement de l’Etat. »

Le Financial Times précise que « les banques européennes sont exposées à une série de bulles à tête d’hydre. Elles ne sont pas seulement confrontées aux lourdes pertes occasionnées par l’immobilier américain mais aussi à l’effondrement du boum du crédit dans leur propre arrière-cour et aux retombées des hauts niveaux de la dette des grandes entreprises dans la zone euro. Il faut plus de temps aux dégâts pour remonter à la surface du fait des prêts bancaires traditionnels en Europe qui apparaissent plus tard dans le cycle au fur et à mesure que les défauts de paiement augmentent. La férocité de la récession en Europe ne laisse aucun doute que les pertes seront énormes cette fois. »

Le système bancaire est particulièrement exposé en raison de l’effondrement des économies en Europe de l’Est.

Plusieurs pays se sont déjà présentés humblement au FMI, dont la Hongrie, la Serbie, la Roumanie, la Lettonie et l’Ukraine. De plus, la Banque européenne pour la reconstruction et le développement (BERD) et la Banque européenne d’Investissement (BEI), ont octroyé des aides à hauteurs de 24,5 milliards d’euros aux banques d’Europe de l’Est.

Et pourtant, la possibilité de l’écroulement d’une ou de plusieurs économies d’Europe de l’Est subsiste ce qui aurait un effet domino qui pourrait entraîner l’effondrement d’Etats voisins et de banques en Europe de l’Ouest.

Selon des chiffres rassemblés par le quotidien néerlandais Handelsblad, la dette nationale de l’Italie dépasse déjà de loin son PIB, la Grèce se rapproche de ce chiffre et la Belgique, la France, l’Allemagne, le Portugal et l’Autriche arrivent tous à 60 pour cent du PIB.

Allemagne

De nombreux rapports identifient l’Allemagne comme étant particulièrement vulnérable à la récession mondiale en raison de sa dépendance aux exportations qui comptent pour 40 pour cent de son PIB et de son exposition à la dette d’Europe de l’Est.

Le FMI a prédit que l’économie allemande se contracterait de 5,6 pour cent cette année tandis qu’un groupe d’institutions financières allemandes a prédit une baisse de 6 pour cent.

L’Allemagne risque d’être confrontée à une récession « particulièrement persistante » en étant affectée par un déclin de 23 pour cent de ses exportations cette année ce qui ferait passer le taux de chômage à près de 11 pour cent. Le déficit budgétaire allemand gonflera pour atteindre 132,5 milliards d’euros ou 5,5 pour cent du PIB en 2010, par rapport à 3,7 pour cent cette année, précisent les instituts allemands.

L’Allemagne a totalisé l’année dernière près d’un quart des dépréciations bancaires européennes. Ses investissements en Europe de l’Est (450 milliards de dollars ou quatre pour cent des actifs bancaires allemands) posent un risque supplémentaire. Et ce pas seulement en Allemagne.

L’Allemagne demeure le moteur de l’économie européenne. Une récession qui ne cesse d’empirer dans ce pays entraînera le reste du continent dans son sillage.

Grande-Bretagne

L’état de désolation avancée de l’économie britannique est la deuxième cause majeure d’inquiétude en raison principalement du rôle joué par Londres en tant que centre financier.

Le FMI a prédit que le PIB de la Grande-Bretagne se contractera de 4,1 pour cent cette année, bien plus que ne l’avait admis le gouvernement du premier ministre Gordon Brown et que la Grande-Bretagne subirait une récession continue.

Dans le budget de la semaine passée, le chancelier Alistair Darling a prédit un déclin de 3,5 pour cent cette année et un retour à la croissance d’ici 2010.

En commentant le décalage, le directeur du FMI, Dominique Strauss-Kahn a dit, « La reprise dépend partiellement de celle de la confiance, il est absolument normal que les gouvernements du monde entier tenteront de reconstruire la confiance afin de voir la partie supérieure plutôt que la partie inférieure. »

« Je comprends que beaucoup de gouvernements ont des prévisions qui sont meilleures que les nôtres. Il s’était révélé que l’année dernière nous avions eu raison », a-t-il ajouté.

Le 25 avril, le Wall Street Journal était profondément sceptique quant aux perspectives britanniques en remarquant que « Le Royaume-Uni, avec sa capitale qui opère comme le premier centre d’activité financière mondial, où un emploi sur cinq dépend des services financiers et plus du quart de ses recettes fiscales… la chute du produit intérieur brut du premier trimestre — [1,9 pour cent] la plus forte depuis la baisse de 2,4 pour cent enregistrée au troisième trimestre de 1979, signifie un défi pour le gouvernement britannique qui accumule les dettes à un taux jamais vu depuis la Deuxième Guerre mondiale, au fur et à mesure qu’il dépense de l’argent pour édulcorer la récession et sauver son système bancaire. Au cours de ces trois prochaines années, les emprunts nets du gouvernement pour déficit budgétaire s’élèveront à 488 milliards de livres sterling (718 milliards de dollars). »

Le FMI prédit que la dette gouvernementale britannique atteindra plus de 80 pour cent du PIB.

Une idée de l’étendue de la récession est donnée par la hausse du chômage à plus de deux millions et des prédictions qu’il passera à trois millions d’ici 2010. De plus, la dernière étude mensuelle des affaires de la Chambre de commerce britannique a trouvé que 70 pour cent des entreprises projettent de geler ou de réduire les salaires cette année et la moitié envisage de licencier du personnel durant les six prochains mois.

Le FMI a averti que le marché immobilier britannique devrait poursuivre sa baisse. Le prix des maisons ayant chuté de 20 pour cent, le FMI a déclaré que tout comme en Espagne et en Irlande, il restait « encore un long chemin à parcourir. »

David Cameron, le dirigeant de l’opposition conservatrice dont on s’attend à ce qu’il gagne les élections législative de l’année prochaine, a dit vouloir créer une nouvelle « période d’austérité » en promettant des coupes encore plus sombres que celles promises par le gouvernement travailliste.

Espagne

L’Espagne figure parmi les nations d’Europe occidentale les plus durement affectées par la récession.

Le FMI a prédit une récession continue de l’économie espagnole suite à l’effondrement de son marché immobilier. Il s’attend à ce que l’économie rétrécisse de 3 pour cent en 2009 contrairement aux prédictions du gouvernement qui sont de 1,6 pour cent. Ce mois-ci, le chômage a atteint quatre millions de chômeurs en ayant doublé au cours de l’année passée. A présent il touche 17,4 pour cent de la population et l’on s’attend à ce qu’il atteigne 20 pour cent sous peu.

Le gouvernement socialiste de Jose Luis Rodriguez Zapatero a riposté avec un plan de sauvetage fiscal de 70 milliards d’euros et a promis d’autres versements. Mais le FMI a émis un sérieux avertissement en ce qu’une aggravation du déficit budgétaire censé passer à 8 pour cent du PIB soulèvera le danger d’un effondrement économique.

France

En France, le gouvernement Sarkozy a estimé que l’économie se contractera de 2,5 pour cent cette année. Le premier ministre François Fillon a dit que 2009 sera « une année de récession forte » pour la France.

Cette évaluation a été contredite par l’OCDE qui prédit une contraction de 3,3 pour cent. Le déficit budgétaire de la France est de six pour cent.

Le mois dernier, le chômage a enregistré une hausse de 60 000 à 70 000 chômeurs après une perte de 79 000 emplois en février. Le taux de chômage est actuellement de 8,2 pour cent mais on s’attend à ce qu’il atteigne 10 pour cent d’ici la fin de l’année. Le chômage affiche déjà un pourcentage massif de 21,2 parmi les jeunes de moins de 25 ans et est progression en France.

(Article original paru le 28 avril 2009)http://www.wsws.org/francais/News/2009/mai2009/rece-m05.shtml

Partager cet article
Repost0
4 janvier 2009 7 04 /01 /janvier /2009 01:56
Israël viole les droits de l’homme,
l’UE applaudit

publié le vendredi 2 janvier 2009
 
 

Par Pierre Barbancey

Alors que la population de l’étroite bande de terre reste sous le feu intense de l’armée israélienne, les ministres européens renvoient tout le monde dos à dos.





Les ministres des Affaires étrangères de l’Union européenne (UE) étaient réunis [le 30 décembre], à Paris, « pour examiner en urgence la situation au Proche-Orient, vu (sic) la gravité des événements récents », selon le site du Quai d’Orsay. Si l’on en croit les déclarations récentes du ministre français Bernard Kouchner, l’urgence est à « l’arrêt des violences et au retour à la trêve ».

Très bien. Malheureusement, la lecture par l’UE des événements et de ce qui a conduit à ce qu’il faut bien appeler un massacre de la population de Gaza ne laisse pas d’étonner. Selon Kouchner, la trêve a été « rompue par les tirs de roquettes effectués depuis la bande de Gaza sur le territoire d’Israël », ce qui a le mérite de dédouaner Israël et d’expliquer la sauvagerie des bombardements sur Gaza. Parmi les 26 autres membres de l’Union européenne, pas une tête ne dépasse. Tout le monde est, au minimum, aligné sur cette thèse.


Les mêmes omettent sciemment d’expliquer que la trêve, décrétée unilatéralement par le Hamas pour une durée de six mois, visait à obtenir la levée du blocus de la bande de Gaza qui tue les Palestiniens à petit feu. Il suffit de consulter encore une fois le site du ministère français des Affaires étrangères (www.diplomatie.gouv.fr) pour constater que rien ne s’est produit. On y lit en effet (données datant du mois de juin, la situation s’est encore dégradée depuis) : « Le blocage de la bande de Gaza interdit toute exportation et entraîne la dévitalisation de l’économie. Les seuls échanges commerciaux autorisés consistent en l’importation de produits alimentaires. De nombreux entrepreneurs ont quitté Gaza pour la Cisjordanie et l’Égypte.


Israël ne pourra pas éradiquer le Hamas


Sur l’ensemble des territoires palestiniens, les deux tiers des ménages se situent sous le seuil de pauvreté (…) Les prix ont évolué encore plus fortement dans la bande de Gaza : + 10 % depuis juillet 2007 contre + 5,7 % pour la Cisjordanie (source : Palestinian Central Bureau of Statistics). L’augmentation du niveau des prix à Gaza s’explique par la pénurie de biens et de produits importés (…). Depuis l’application du blocus par Israël, le 28 octobre 2007, et en dépit des quelques journées de rupture de ce blocus en janvier 2008, la situation humanitaire à Gaza s’est très sérieusement aggravée (…).

De nombreux patients affectés de maladies graves se sont vu refuser le droit de sortir de Gaza au point de mourir avant d’avoir pu se faire soigner en Cisjordanie ou en Israël. » Il faudrait encore y ajouter les dizaines de Palestiniens tués qui ne sont pas le résultat de tirs de roquettes mais bien celui de l’occupation israélienne. Que la branche la plus dure du Hamas, qui aurait bien voulu se passer d’une trêve, se réjouisse maintenant, c’est une évidence. C’est sans doute ce que cherche Israël, qui sait pertinemment qu’elle n’éradiquera pas le Hamas et que les tirs de roquettes se poursuivront de plus belle, comme on peut le constater en ce moment.


Il y a d’autant moins à attendre des ministres des Affaires étrangères qu’ils savaient pertinemment qu’Israël préparait une intervention, comme le révèle dans ces colonnes l’eurodéputée socialiste belge Véronique de Kayser (lire en page « Tribune/Idées »). On pourrait également s’interroger sur le rôle de l’envoyé spécial de l’Union européenne au Proche-Orient, un certain Tony Blair. Ancien premier ministre de la Grande-Bretagne (dont le rôle en tant que puissance mandataire sur la Palestine jusqu’en 1947 explique en partie l’impasse actuelle), il n’avait, à ce poste, rien tenté pour permettre la création d’un État palestinien et n’avait pas non plus cherché à faire appliquer les résolutions de l’ONU (sauf s’agissant de l’Irak). Il ne fait guère mieux dans son nouveau job.


Prague plus atlantiste encore


Nicolas Sarkozy en revanche, qui n’a eu de cesse de rapprocher la France d’Israël depuis qu’il est arrivé au pouvoir, peut se rassurer : la présidence de l’UE qu’il abandonne à la République tchèque sera, à partir de demain, en de bonnes mains (si le critère d’appréciation est l’alignement atlantiste). Le ministre tchèque des Affaires étrangères, Karel Schwarzenberg, soutient totalement l’offensive israélienne. Il a d’ores et déjà fait savoir qu’un de ses premiers dossiers sera le rehaussement (ajourné par le Parlement européen pour cause de situation à Gaza) du statut d’Israël au sein de l’Europe. Il espère enfin organiser le premier sommet UE-Israël au cours des six prochains mois. De quoi satisfaire et renforcer les dirigeants israéliens dans leur impunité et leur mépris de la communauté internationale. « Je n’accepte pas les appels à un cessez-le-feu conjoint. Comment peut-on comparer Israël au Hamas ? » a déjà fait savoir Tzipi Livni, ministre israélienne des Affaires étrangères et peut-être future premier ministre, sans un mot pour les femmes et les enfants palestiniens tués par ses ordres.


publié par l’Humanité

http://www.humanite.fr/2008-12-31_International_Gaza-Israel-viole-les-droits-de-l-homme-l-UE-applaudit
__________________________________________________________________________________________________________
Palestine/Israël/Middle East

Partager cet article
Repost0
14 décembre 2008 7 14 /12 /décembre /2008 15:30


 Le Monde Diplomatique
 mercredi 10 décembre 2008


par Alain Gresh

Les ministres des affaires étrangères de l’Union européenne ont adopté, les 8 et 9 décembre, un texte intitulé « 
Council Conclusions Strengthening of the EU bilateral relations with its Mediterranean partners - upgrade with Israel ». Sous l’impulsion de la présidence française, le principe de rehausser les relations entre Israël et l’Union européenne a été accepté.


Déjà, avant la tenue du sommet méditerranéen, Paris avait essayé de faire adopter cette mesure, mais avait dû reculer devant la levée de boucliers de certains régimes arabes, notamment l’Egypte (lire « 
Enquête sur le virage de la diplomatie française », Le Monde diplomatique, juin 2008).


Ce texte a été adopté après de nombreuses discussions. La première version présentée par la France faisait la part belle à Israël et a suscité des réserves chez certains des partenaires — notamment le Royaume-Uni et la Belgique — qui ont demandé un « rééquilibrage » du texte. Un comble, quand on pense qu’il y a quelques années encore, la France était accusée d’être pro-arabe.


Notons aussi que ce texte a été entériné le jour même où l’expert de l’ONU sur les droits humains dans les territoires palestiniens, Richard Falk, demandait la mise en œuvre de « la norme reconnue de la “responsabilité de protéger” une population civile punie collectivement par des politiques qui s’assimilent à un crime contre l’humanité ». Dans le même sens, ajoutait-il, « il semble que c’est le mandat de la Cour pénale internationale d’enquêter sur la situation, et de déterminer si les dirigeants politiques israéliens et les chefs militaires responsables du siège de Gaza doivent être inculpés et poursuivis pour violations du droit pénal international ».


Finalement, le texte adopté par l’Union européenne intègre des références à la politique de voisinage européenne, au Maroc, à la Tunisie, et à presque tous les Etats arabes, références purement formelles qui permettent de faire passer l’essentiel : le point 9, qui affirme la détermination du Conseil à rehausser les relations avec Israël. Il est toutefois souligné que ce rehaussement doit avoir lieu dans le contexte de « nos intérêts communs », qui incluent la résolution du conflit israélo-palestinien sur la base de la coexistence de deux Etats.


Une longue annexe comprend les lignes directrices pour renforcer les structures du dialogue politique avec Israël.


D’abord, la tenue régulière de réunions des chefs d’Etat et de gouvernement de l’Union européenne et d’Israël, un privilège qui n’était accordé jusque-là qu’à quelques grands Etats, Chine, Russie, Inde, etc. La première réunion devrait avoir lieu sous la présidence de la République tchèque, pays qui, selon la formule d’un haut fonctionnaire à Bruxelles, « ne défend pas la politique du gouvernement israélien, mais celle du Likoud ».


Ensuite, la tenue régulière, au moins trois fois par an, de réunions entre ministres des affaires étrangères (ce qui n’est pas nouveau, et existait déjà de facto). De telles réunions sont étendues à d’autres secteurs que les affaires étrangères.


L’invitation régulière de responsables du ministère des affaires étrangères israélien aux comité pour la politique et la sécurité de l’Union. Inviter aussi plus systématiquement des experts israéliens dans les comités travaillant notamment sur le processus de paix, les droits humains, la lutte contre le terrorisme et le crime organisé, etc.


Organiser des consultations informelles plus larges sur les problèmes stratégiques.


Intensifier les échanges sur des points précis, notamment les droits humains et l’antisémitisme.


Encourager Israël à s’associer aux politiques étrangère et de sécurité commune de l’Union européenne.


Permettre la coopération sur le terrain dans le cadre des politiques de sécurité et de défense commune. Des experts israéliens pourront ainsi participer à des missions extérieures de l’Union, que ce soit en Afrique ou ailleurs.


Dans la mesure où Israël, aux Nations unies, ne peut participer au groupe Asie, l’Union européenne tentera de l’intégrer au groupe Western European and other groups (WEOG),
une vieille demande de cet Etat qui lui permettrait d’être élu dans différentes instances, dont le Conseil de sécurité.


Intensifier le dialogue entre le Parlement européen et le parlement israélien.


Ces décisions de l’Union européenne ont été vivement critiquées par l’Autorité palestinienne et par l’Egypte.


Dans un article de Haaretz du 9 décembre, « 
EU votes to upgrade Israel relations despite Arab lobbying », Barak Ravid rapporte que la semaine précédente, « la ministre des affaires étrangères israélienne Tzipi Livni s’est rendue à Bruxelles pour faire son propre lobbying auprès des ministres des affaires étrangères, et en premier lieu de Bernard Kouchner. A un moment de la rencontre, elle a demandé à le voir en tête à tête et à ce que les autres sortent de la salle. Durant cette conversation, les deux sont tombés d’accord sur le fait qu’il n’y aurait pas de “lien” (linkage) (entre le rehaussement des relations UE-Israël et les négociations de paix), mais que l’Union européenne publierait une déclaration séparée appelant à la poursuite de conversations de paix sur le statut final ».


Même si l’article est un peu à la gloire de Livni et note des « avancées » qui n’en sont pas – les réunions régulières des ministres des affaires étrangères avaient déjà lieu –, le texte est significatif de la victoire israélienne. D’autant plus que Livni a aussi empêché l’adoption d’un texte stratégique d’action qui rappellerait la position de l’Union européenne sur le conflit du Proche-Orient. Ce texte, préparé par la France, a été « retiré ».


On peut noter que toute la stratégie française (et européenne) de rapprochement avec Israël est justifiée par le fait qu’une amélioration des relations permettrait à l’Union européenne et à la France d’influer sur la politique israélienne. Il suffit de voir ce qui se passe à Gaza, l’extension des colonies, les pogroms anti-arabes, pour mesurer le succès de cette stratégie.


En revanche, Israël a subi une importante défaite au Parlement européen (lire « 
Israël devra attendre », La valise diplomatique, 5 décembre 2008). Ce refus du Parlement européen aura des conséquences concrètes sur un certain nombre de projets de coopération. Notons, pour l’anecdote, que le vote négatif a été provoqué à la fois par le lobbying d’un certain nombre de pays arabes et par l’arrogance et les pressions israéliennes, qui ont suscité le ras-le-bol d’un certain nombre de députés européens.


D’autre part, on lira deux textes intéressants sur le conflit, l’un de Barak Ravid et Anshel Pfeffer dans Haaretz du 4 novembre, « 
Britain to EU : Clamp down on imports from settlements », qui souligne la manière dont Israël tente d’exporter les produits des colonies vers l’Union européenne ; l’autre, d’Yves Aubin de La Messuzière, publié dans Le Monde (10 décembre) : « Pourquoi l’Europe doit parler au Hamas ».

http://blog.mondediplo.net/2008-12-10-L-Union-europeenne-capitule-devant-Israel

Partager cet article
Repost0
13 décembre 2008 6 13 /12 /décembre /2008 23:14


"Samir Amin est un éminent professeur d’économie politique du développement. Il est le directeur du Forum du Tiers-Monde. Samir Amin enseigne l’économie à l’Université de Poitiers, Paris et Dakar. Il a beaucoup publié sur le droit, la société civile, le socialisme, le colonialisme et le développement, particulièrement en Afrique et dans le monde arabe et islamique. Parmi ses nombreuses publications figurent Eurocentrisme (1988), L’empire du chaos (1991) et Au-delà du capitalisme (1998)." (de /www.editions-harmattan.fr)


Partie I

Partager cet article
Repost0
24 octobre 2008 5 24 /10 /octobre /2008 10:07
Partager cet article
Repost0

Présentation

  • : internationalnews
  • : Un site d'information et de réflexion sur l'actualité internationale, le nouvel ordre mondial, la géostratégie, la propagande, l'impérialisme, le nucléaire, l'économie, l'environnement et la culture, illustré de documentaires. Site géré par des journalistes bénévoles, sans aucune obédience politique, religieuse ou autre.
  • Contact

STOP TAFTA !

Rechercher

Dossiers les plus consultés