12 janvier 2010 2 12 /01 /janvier /2010 08:48
Mondialisation
12 janvier 2010
WSWS

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Photo: american-pictures.com

par Jerry White

Selon une analyse des statistiques gouvernementales par le New York Times, quelque six millions d’Américains, soit une personne sur 50 aux Etats-Unis, ne vivent qu’avec un revenu de 100 ou 200 dollars par mois en coupons alimentaires. Le quotidien a publié que le nombre de personnes ayant rapporté être au chômage sans aucune aide financière (ni aide sociale, assurance-emploi, pension de retraite, pension alimentaire ou prestation d’invalidité) a explosé de 50 pour cent au cours des deux dernières années, au moment où s’installait la récession.

 

D’après l’article paru le 3 janvier, le nombre de personnes ayant rapporté être sans revenu durant les deux dernières années a triplé au Nevada, doublé en Floride et à New York et augmenté de près de 90 pour cent au Minnesota et en Utah. Dans le comté de Wayne au Michigan, qui comprend la ville de Détroit, où la moitié de la population est sans emploi ou sous-employée, un résident sur 25 dit n’avoir qu’un revenu de coupons alimentaires. Dans le comté de Yakima à Washington, cette situation touche une personne sur 17.


 

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Photo: cityinvincible.org


 

Ces statistiques révèlent l’ampleur de la souffrance humaine aux Etats-Unis au début de la nouvelle décennie et viennent contredire ceux qui osent parler de « reprise » économique. Les 6 millions de personnes, dont 1,2 million d’enfants, de ménages ne rapportant aucun revenu équivalent à la population entière de l’Indiana ou du Massachusetts, ou les populations combinées de Los Angeles, Philadelphie et Boston.


Une telle catastrophe sociale met en évidence l’indifférence de l’administration Obama, qui n’a essentiellement rien fait pour venir en aide à ceux qui ont perdu leurs emplois, leurs maisons et leurs gagne-pain, tandis qu’aucune dépense n’était trop élevée pour préserver les fortunes de l’élite financière et financer ses guerres.


Le nombre de personnes sans revenu est en augmentation constante depuis 1996, lorsque le président démocrate Bill Clinton et le Congrès républicain ont mis un terme au droit universel à l’aide sociale qui faisait partie du programme fédéral d’aide depuis sa création dans les années 1930. Jurant de « mettre un terme au cycle de dépendance », les démocrates et les républicains ont imposé des limites sur les prestations, ont radicalement réduit les niveaux d’aide financière et ont imposé diverses procédures d’allocations conditionnelles.


Malgré le besoin accru d’aide, Obama s’est opposé à tout financement supplémentaire de ce qui reste du programme d’aide sociale. Par rapport à leur sommet dans les années 1990, les listes de prestataires d’aide sociale ont été réduites de près de 75 pour cent, rapporte le Times.


« Parmi ceux qui auraient reçu de l’aide financière dans les récessions passées, nombreux sont ceux qui n’en reçoivent pas maintenant », a confié Judy Putnam, porte-parole de la Ligue pour les services à la personne du Michigan, au World Socialist Web Site. « Un tiers seulement des enfants du pays qui vivent dans la pauvreté obtiennent de l’aide par rapport à deux tiers avant la « réforme de l’aide sociale » en 1996. La population du Michigan est fortement dépendante des coupons alimentaires. »


Tandis que les prestations d’assurance-emploi ne couvrent que la moitié des chômeurs, les coupons alimentaires (qui offrent en moyenne 1 $ par repas par personne, ou environ 100 $ par personne par mois pour les individus ou les familles ayant un revenu jusqu’à 130 pour cent du seuil de pauvreté officiel) sont devenus le filet social de dernier recours. Un nombre record de 36 millions de personnes — une personne sur huit et un enfant sur quatre — dépendent maintenant du programme de coupons alimentaires. Le Programme d’aide alimentaire SNAP (Supplemental Nutrition Assistance Program) couvre 20 000 personnes de plus chaque jour, mais il ne viendrait toujours en aide qu’aux deux tiers des gens admissibles.


Une précédente étude du Times révélait qu’il existe plus des 200 comtés américains où le recours aux coupons alimentaires a grimpé d’au moins deux tiers. Cela comprend le comté de Riverside en Californie, la majeure partie de l’agglomération de Phoenix et de Las Vegas, les banlieues d’Atlanta et une bande de 240 kilomètres du sud-ouest de la Floride s’étendant de Bradenton jusqu’aux Everglades. L’étude révélait aussi qu’il y a plus de 800 comtés où les coupons alimentaires nourrissent un tiers de tous les enfants.


Vers la fin de l’année dernière, des chercheurs à l’Université Washington de Saint-Louis ont publié une étude montrant que 50 pour cent de tous les enfants et 90 pour cent des enfants afro-américains vont recevoir des coupons alimentaires à un moment ou à un autre avant leur 20e anniversaire. « Plutôt que d’être une période de sécurité », a dit Mark Rank, détenteur d’un doctorat et un des auteurs de l’étude, « l’enfance est une période, pour plusieurs enfants américains, de risques, de difficultés et de bouleversements. »


Le reportage du Times du 3 janvier se concentrait sur la Floride, où le nombre de gens sans revenu, excepté les coupons alimentaires, a doublé en deux ans et a plus que triplé le long de la côte du sud-ouest, où une forte croissance du logement a tourné en une banqueroute de maisons abandonnées et saisies. Selon des données du gouvernement, les personnes sans revenus étaient également divisées entre les familles avec enfants et les individus vivant seuls. Divers groupes sociaux étaient touchés : environ 42 pour cent étaient blancs, 32 pour cent noirs, 22 pour cent latinos. Les personnes de race blanche faisaient partie du segment croissant le plus rapidement pendant la récession.


Cette descente dans la destitution a affecté de larges couches de la population. L’article du Times a cité une mère de deux enfants, Isabel Bermudez, qui est partie d’un développement immobilier dans le Bronx pour aller vendre de l’immobilier en Floride. Jouissant auparavant d’un salaire à six chiffres, d’une maison avec une piscine et des immeubles de placement, elle a perdu son emploi et sa maison et a épuisé ses prestations de chômage. Le seul revenu de Mme Bermudez est maintenant de 320$ et provient des coupons alimentaires. « Je suis partie d’un salaire de 180 000$ pour me retrouver sur les coupons alimentaires, » a-t-elle dit au journal, ajoutant que sans le programme, elle ne pourrait pas nourrir ses enfants.


Le recours croissant à de maigres prestations de coupons alimentaires expose l’absence de tout ce qui pourrait vraiment être appelé un filet de sécurité sociale aux Etats-Unis. La situation ne va qu’empirer, alors que les démocrates, tout comme les républicains, se préparent à couper dans ce qui reste des programmes subventionnés par l’Etat dans le but de payer de milliers de milliards de dollars pour le sauvetage de Wall Street et l’expansion de l’action militaire américaine partout dans le monde.


Le thème du discours d’Obama sur l’Etat de l’union, attendu tôt le mois prochain, sera une réduction à long terme du déficit et davantage de demandes pour que le peuple américain réduise ses dépenses. La Maison-Blanche appuie une commission bipartite qui recommandera des coupes majeures dans les programmes sociaux fondamentaux accompagnés de taxes régressives à la consommation. Quant au directeur du budget d’Obama, Peter Orszag, il a dit que l’administration prendra des mesures pour réduire le déficit dans le budget prévu en février. De telles actions vont jeter des millions de personnes de plus dans la pauvreté.


La crise sociale à laquelle font face les travailleurs — des niveaux de chômage équivalant à une dépression, des saisies de maison, la montée de la faim, de la pauvreté et de l’itinérance — est l’expression la plus crue de l’échec du capitalisme, un système économique qui profite à une minorité riche aux dépens de la vaste majorité.

 

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Photo: /seaton-newslinks


 

Au milieu d’une situation qui se dégrade pour la classe ouvrière, il a été rapporté la semaine dernière que les trois banques les plus importantes — Goldman Sachs, JPMorgan Chase et Morgan Stanley —qui ont reçu des dizaines de milliards en fonds publics sous le Plan de sauvetage des actifs à risque —vont recevoir 49,5 $ milliards en bonus de fin d’année et en récompenses reliées aux actions. Somme toute, les banques américaines vont dépenser environ 200 $ milliards en compensation totale.


L’administration Obama poursuit et accélère le transfert de l’argent des poches des travailleurs à ceux qui sont responsables d’avoir précipité la pire crise économique depuis la Grande Dépression.

 

Près d’un an après son investiture, le président Obama a démontré qu’il n’est rien d’autre qu’un outil de l’oligarchie financière. Le véritable futur de la classe ouvrière dépend du développement d’un mouvement socialiste de masse contre son administration, les deux partis de la grande entreprise et le système de profit qu’ils défendent.


Article original,WSWS, paru le 7 janvier 2010.

http://www.mondialisation.ca
http://www.internationalnews.fr/article-etats-unis-six-millions-de-personnes-n-ont-que-les-coupons-alimentaires-pour-seul-revenu-42814106.html

Articles parents:

Americans must prepare for deepening unemployment, inflation and possible breadlines (11' 55)

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6 janvier 2010 3 06 /01 /janvier /2010 23:06
they will negotiate the final bill from the house and the senate behind closed doors


http://www.internationalnews.fr/article-obama-s-lies-about-health-care-debate-live-on-cspan-42707024.html

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6 janvier 2010 3 06 /01 /janvier /2010 07:05
Réseau Voltaire
6 janvier 2010

par Daniele Ganser*


Le Gladio n’est pas un épiphénomène de la Guerre froide. Au contraire, la guerre secrète a commencé durant la Seconde Guerre mondiale et se poursuit aujourd’hui. Ce n’est pas un outil parmi d’autres dans la politique étrangère des États-Unis, mais son activité centrale, ainsi que le montrent à la fois les enquêtes parlementaires aux États-Unis et en Europe et les travaux des historiens. Pour comprendre la face cachée du plus puissant État voyou du monde, nous publions ce cinquième volet de l’étude du chercheur suisse Danièle Ganser.

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Cet article fait suite à :
1. « Quand le juge Felice Casson a dévoilé le Gladio… »
2. « Quand le Gladio fut découvert dans les États européens… »
3. « Gladio : Pourquoi l’OTAN, la CIA et le MI6 continuent de nier »
4. « Les égouts de Sa Majesté »

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Après la défaite de l’Allemagne et de l’Italie, le président états-uniens Harry Truman ordonna le largage de deux bombes atomiques par l’US Air Force sur les villes d’Hiroshima et de Nagasaki, puis accepta la capitulation du Japon. ce fut la fin de la Seconde Guerre mondiale. Tandis que l’Europe de l’Ouest était en ruines, l’économie des États-Unis était en plein essor. Mais, en dépit de cette puissance économique et militaire, la Maison-Blanche redoutait l’expansion du communisme dans le monde qu’elle percevait comme irrésistible.


Après les tentatives vainement répétées d’invasion de l’URSS par les Britanniques et les États-uniens entre 1918 et 1920, l’alliance militaire avec l’Armée rouge ne fut conclue que dans le but de vaincre Hitler et Mussolini et de libérer l’Europe. Immédiatement après l’armistice, les hostilités reprirent de plus belle et les anciens compagnons d’armes se muèrent en adversaires farouches, ce qui marqua le début de la Guerre froide. Pendant que les États-Unis sécurisaient l’Ouest de l’Europe et combattaient la gauche en Grèce, à l’Est, l’URSS de Staline s’assurait la maîtrise des frontières à partir desquelles elle avait été envahie au cours des deux guerres mondiales.


ruman voyait d’un mauvais œil l’instauration de régimes communistes inféodés à Moscou en Pologne, en Allemagne de l’Est, en Hongrie, en Roumanie et en Tchécoslovaquie ; suivant une doctrine de souveraineté limitée, Staline plaçait les États d’Europe de l’Est sous le contrôle des oligarques locaux, de la brutale Armée rouge et du KGB, les services secrets soviétiques. Suivant le même raisonnement, Truman était convaincu de la nécessité de combattre secrètement le communisme afin de l’affaiblir y compris dans les démocraties souveraines d’Europe occidentale.


La CIA tenta également de mettre sur pied une armée secrète en Chine afin d’enrayer l’avancée du communisme, mais elle échoua quand, en 1949, Mao Zedong prit le pouvoir à la tête du parti communiste Chinois. L’ancien directeur de la CIA William Colby se souvient : « Je me suis toujours demandé si le réseau stay-behind que nous avions bâti aurait pu fonctionner sous un régime soviétique. Nous savons que les tentatives de mettre en place de telles organisations dans l’urgence ont échoué en Chine en 1950 et au Nord Vietnam en 1954. »


Après qu’eut éclaté la guerre de Corée en 1950, le long de la fragile frontière qui sépare le Sud sous contrôle US du Nord communiste, l’armée états-unienne tenta de réduire l’influence du communisme en Corée du Nord, mais en vain. La CIA essaya également de prendre le contrôle de plusieurs pays d’Europe de l’Est au moyen d’opérations clandestines et d’armées secrètes, sans plus de succès. Colby rappelle les efforts de la CIA pour lever des armées anticommunistes : « Nous savons que les tentatives pour les commander depuis l’étranger furent percées à jour et mises en échec par la police secrète en Pologne et en Albanie dans les années cinquante ». [1]


Dans les pays que l’on nomme le Tiers Monde, en Afrique, en Amérique Latine et dans certaines régions d’Asie, les populations adoptèrent des variantes du communisme et du socialisme qu’elles croyaient capables de leur apporter une meilleure répartition des richesses et l’indépendance vis-à-vis de l’Occident capitaliste et industrialisé. En Iran, Mossadegh adopta un programme socialiste et tenta de distribuer une partie des revenus du pétrole à la population. Après l’Inde qui se libéra de l’emprise britannique, l’Afrique s’engagea elle aussi dans une lutte anticoloniale de gauche qui culmina en 1960 lorsque le Cameroun, le Togo, Madagascar, la Somalie, le Niger, le Nigeria, le Tchad, le Congo, le Gabon, le Sénégal, le Mali, la Côte d’Ivoire, la Mauritanie et la République Centrafricaine déclarèrent leur indépendance. En Asie du Sud-Est, suite au retrait des forces d’occupation japonaises, les Philippines et le Vietnam virent l’émergence de puissants mouvements anticoloniaux communistes et de gauche qui provoquèrent au Vietnam la guerre d’Indochine puis la seconde guerre contre les États-uniens, qui ne prit fin qu’en 1975, avec la victoire des communistes.


Dans l’esprit des stratèges de la Maison-Blanche, la guerre ne s’acheva pas en 1945 [2], elle évolua plutôt vers une forme silencieuse et secrète de conflit où les services secrets devinrent les instruments privilégiés dans l’exercice du pouvoir. Fin 1944, le président états-unien Roosevelt suivit la suggestion de William Donovan, qui pendant la guerre avait dirigé l’Office of Strategic Services (OSS), et tenta de créer un nouveau service chargé de mener en temps de paix des opérations spéciales à l’étranger, dirigées contre les communistes et d’autres ennemis désignés des USA. Mais ce plan ne plut pas à J.


Edgar Hoover, directeur du FBI, qui craignait que ses services ne perdent de leur influence. Hoover transmit donc des copies du mémorandum de Donovan [3] et de l’ordre de Roosevelt à un journaliste du Chicago Tribune qui titra le 9 février 1945 : « Nouvelle Donne dans l’espionnage - des barbouzes nous surveilleront - les citoyens espionnés - une super-Gestapo est à l’étude ». Le Tribune rapporta que : « Dans les hautes sphères où circulent le mémorandum et le projet d’ordre, cette unité, dont on envisage la création, est surnommée “la Gestapo de Frankfurter” », en référence au juge de la Cour suprême Frankfurter et à la terrible police secrète allemande. L’article révélait en outre que le nouveau service secret était destiné à mener une guerre clandestine et « devrait effectuer (...) des opérations de subversion à l’étranger (...) et disposerait de tous les personnels de l’aéronavale et de l’armée de Terre nécessaires à sa mission ». [4]


Comme le souvenir de la Gestapo était toujours très frais dans les mémoires, les citoyens états-uniens s’indignèrent et le tollé provoqué eut raison de la proposition de Donovan, à la grande satisfaction du directeur du FBI Hoover. Cependant, dans les cercles du pouvoir, les discussions autour de la fondation d’un nouveau service se poursuivirent mais, cette fois, dans le plus grand secret. Après la mort de Roosevelt, Harry Truman émit une directive qui ordonnait la création d’un nouveau service secret actif en temps de paix, le Central Intelligence Group (CIG). Au cours d’une soirée plutôt excentrique organisée pour l’occasion à la Maison-Blanche, il remit à chacun des invités un imperméable noir, un chapeau noir, une fausse moustache noire et une dague en bois et annonça que le premier directeur du CIG, l’amiral Sidney Souers, allait devenir « directeur de l’espionnage centralisé ». [5]

Le CIG n’était qu’une agence provisoire fantoche et Truman comprit rapidement qu’il fallait renforcer les moyens d’action officieux de la Maison-Blanche. C’est pourquoi, en juillet 1947, fut promulgué le National Security Act qui entérinait la création de la « Central Intelligence Agency » (CIA) et du « National Security Council » (NSC). Cette fois, la presse ne dit pas un mot de la « Gestapo américaine ». Composée du président lui-même, du vice-président, du secrétaire d’État, du ministre de la Défense, du directeur de la CIA, du conseiller pour la Sécurité nationale, du président du Conseil de l’état-major interarmes, d’autres personnalités de premier plan et de conseillers spéciaux, le « National Security Council » est devenu véritablement le groupe le plus influent de Washington » [6]. Comme souvent au cours de l’histoire, cette concentration du pouvoir entre les mains de la Maison-Blanche et du NSC conduisit à des abus. Encore aujourd’hui, au XXIe siècle, le NSC demeure « une institution particulière, connue pour avoir, par le passé, souvent agi à la limite de la légalité ». [7] [8]


La principale vocation du National Security Act était de fournir un cadre « légal » aux opérations secrètes des États-Unis et aux guerres secrètes qu’ils menaient contre d’autres pays en confiant à la CIA la charge d’« assumer les fonctions et les missions de renseignement relatives à la Sécurité nationale que le NSC peut être amené à lui commander ponctuellement » [9]. Sans ironie délibérée, cette phrase est quasiment la copie mot pour mot de ce qu’avait révélé Hoover en 1945. En même temps qu’elle garantissait aux opérations secrètes menées par les États-uniens une base légale solide, cette formulation très vague permettait d’éviter de contrevenir ouvertement à un grand nombre de lois, dont la Constitution de 1787, ainsi que de nombreux traités internationaux. Le directeur adjoint de la CIA Ray Cline qualifia à juste titre cette disposition de « clause fourre-tout élastique » [10]. Clark Clifford déclara plus tard :« Nous ne les avions pas mentionnées [les opérations spéciales] explicitement parce que nous sentions que ça pourrait porter atteinte à intérêt national d’avouer publiquement que nous pourrions nous livrer à de tels agissements » [11].


Le premier pays contre lequel la Maison-Blanche dirigea ce nouvel instrument fut l’Italie. Dans le premier document immatriculé émanant du NSC, le NSC 1/1 daté du 14 novembre 1947, on peut lire l’analyse suivante : « Le gouvernement italien, idéologiquement attaché à la démocratie occidentale, est faible et sujet aux attaques continuelles d’un puissant parti communiste » [12]. C’est pourquoi, au cours de l’une de ses premières réunions, le jeune NSC adopta le 19 décembre 1947 la Directive NSC 4-A qui ordonnait au directeur de la CIA Hillenkoetter d’entreprendre une large série d’actions clandestines destinées à écarter le risque d’une victoire des communistes lors des élections italiennes imminentes [13].


La Directive NSC 4-A était classée top secret du fait du caractère particulièrement sensible des interventions clandestines des États-uniens en Europe de l’Ouest. Il n’existait que trois copies du document, dont l’une était « jalousement gardée [par Hillenkoetter] dans le bureau du directeur, où les membres qui “n’avaient pas besoin de savoir” ne pourraient le trouver ». George F. Kennan du département d’État en possédait un second exemplaire [14]. La « raison de tout ce secret était évidente », d’après les archives officielles de la CIA, car « certains citoyens de ce pays auraient été horrifiés d’apprendre le contenu de la NSC 4-A » [15].


Les opérations visant à affaiblir les communistes italiens furent un succès. Le président Truman devint un grand partisan du recours aux missions secrètes et demanda que le champ d’action de la CIA s’étende à d’autres pays que l’Italie. Ainsi, le NSC vota le 18 juin 1948 la célèbre directive NSC 10/2 [16] autorisant la CIA à effectuer des missions clandestines dans tous les pays du monde et instaurant au sein de l’Agence un service des opérations secrètes baptisé « Office of Special Projects », nom qui fut rapidement remplacé par l’appellation moins évocatrice de « Office of Policy Coordination » ou OPC, le Bureau de Coordination Politique. La directive NSC 10/2 chargeait l’OPC de « la planification et l’exécution des opérations spéciales ». Par « opérations spéciales », le texte désignait toutes les activités « menées et financées par ce gouvernement contre des États ou groupes étrangers hostiles ou en soutien à des États ou des groupes étrangers amis, mais qui sont conçues et exécutées de telle manière que l’implication du gouvernement américain n’apparaisse pas aux personnes non autorisées et que celui-ci puisse démentir toute responsabilité le cas échéant ». L


a directive NSC 10/2 prévoyait que les opérations secrètes « incluent toute activité liée à la propagande, à la guerre économique, à l’action préventive directe (mesures de sabotage, d’antisabotage, de démolition et d’évacuation), à la subversion à l’encontre de régimes hostiles (par le soutien aux mouvements de résistance clandestins, à la guérilla et aux groupes de libération de réfugiés) et l’assistance aux éléments anticommunistes dans les pays menacés du monde libre ». Les dispositions du texte NSC 10/2 comportaient la mise en place des armées anticommunistes secrètes du réseau Gladio en Europe de l’Ouest, mais excluaient tous les actes de guerre conventionnelle et les missions de renseignement : « Elles ne concernent pas les conflits armés opposant des forces militaires régulières, l’espionnage, le contre-espionnage et l’utilisation de la clandestinité ou de la dissimulation dans le cadre d’opérations militaires » [17]. Somme toute, cette directive NSC 10/2 contredisait toutes les valeurs et les principes prônés par le président des États-Unis lorsqu’il exposa en mars 1947 sa fameuse « Doctrine Truman ».


Suite à la Seconde Guerre mondiale, cinq années avaient suffi aux États-Unis pour établir un puissant complexe de renseignement opérant à l’intérieur comme à l’extérieur des frontières du pays et en dehors de tout contrôle démocratique. « Au moment où j’ai créé la CIA, je n’ai pas pensé un seul instant qu’elle se spécialiserait un jour dans les coups tordus en temps de paix », déclara un Truman affaibli, après avoir quitté ses fonctions [18]. En 1964, huit ans avant sa mort, l’ancien président se défendit une nouvelle fois d’avoir voulu faire de la CIA « une agence internationale impliquée dans des actions troubles ». Mais le complexe du renseignement états-unien avait alors totalement échappé à son contrôle. L’historien britannique Christopher Andrew résume ainsi les sentiments de l’ex-président : « Durant les 20 ans qui suivirent son départ de la Maison-Blanche, Truman sembla parfois surpris, voire horrifié, du poids et de l’influence acquis par le milieu du renseignement qu’il avait lui-même créé » [19].


Un autre fanatique des opérations secrètes et adversaire farouche du communisme, George Kennan, membre du département d’État sous l’administration Truman, fut lui aussi un ardent partisan de la directive NSC 10/2 et de l’intervention de la CIA en Italie et ailleurs. Cependant, à l’instar de Truman, il avait conscience des risques auxquels s’exposaient les États-Unis. « Après tout, le pire qui puisse nous arriver dans cette lutte contre le communisme c’est de devenir comme ceux que nous combattons », fit remarquer Kennan dans un télégramme devenu célèbre [20], faisant ainsi référence au gouvernement secret, aux structures totalitaires et à la manipulation des gouvernements étrangers, pratiques caractéristiques de l’Union soviétique. Trente ans plus tard, Kennan, alors sur la fin de sa vie reconnut : « Tout ne s’est pas passé exactement comme je l’avais imaginé » [21]


Afin de garantir la possibilité d’un démenti crédible, la majorité des décisions, des déclarations et des transcriptions des réunions du NSC demeura confidentielle. Cependant, suite au scandale du Watergate, des membres du Congrès US furent mandatés pour enquêter sur la CIA et le NSC et découvrirent que « les élections nationales de 1948 en Europe avaient été la principale raison de la création de l’OPC ». C’est donc la menace communiste planant sur l’Europe de l’Ouest qui décida du début des opérations spéciales de la CIA, après la Seconde Guerre mondiale. « En finançant les partis du centre et en développant des stratégies médiatiques, l’OPC tenta d’influer sur le résultat des élections, avec un succès considérable », indique le rapport final que présentèrent les sénateurs en 1976. « Ces activités constituaient la base de l’ingérence clandestine dans la politique intérieure qui fut pratiquée pendant 20 ans.


En 1952, pas moins de 40 projets d’action en cours ont été recensés dans un seul pays d’Europe centrale. » Sur ordre exprès du Pentagone, les missions de l’OPC incluaient aussi la constitution du réseau d’armées secrètes Gladio en Europe de l’Ouest : « Jusqu’en 1950, les activités paramilitaires de l’OPC (également appelées « action préventives ») se limitaient à la conception et à la préparation des réseaux stay-behind en vue d’une guerre future. À la demande du Joint Chiefs of Staff, le Conseil de l’État-major interarmes, ces opérations préparées par l’OPC se concentraient, une fois encore, sur l’Europe de l’Ouest et visaient à appuyer les forces de l’OTAN contre une offensive des Soviétiques. » [22]


Pour diriger l’OPC, George Kennan choisit Frank Wisner [23], un avocat d’affaires originaire du Mississippi qui avait commandé des détachements de l’OSS à Istanbul et à Bucarest pendant la Seconde Guerre mondiale. À l’image de Wisner, la majorité des officiers de l’OPC étaient « des blancs issus des vieilles familles riches de la bonne société anglo-saxonne (...) ayant hérité de l’attitude de l’establishment britannique à l’égard des gens de couleur » [24]. Wisner veillait scrupuleusement à la confidentialité de la directive NSC 10/2. « Chaque fois qu’un membre de l’OPC voulait consulter le document, il devait signer un registre spécial.


Puis on lui remettait l’un des trois exemplaires que Wisner gardait dans un coffre-fort dans son bureau. » [25] Les membres du nouveau service des opérations spéciales OPC travaillaient dans un esprit d’agressivité, d’enthousiasme, de secret et une certaine absence de moralité. Au cours de l’une de ses premières réunions en présence de Hillenkoetter et Kennan, le 6 août 1948, Wisner insista pour pouvoir exploiter au maximum les possibilités offertes par la directive NSC 10/2 et demanda « carte blanche » pour choisir lui-même ses « méthodes d’action ». Il souhaitait mener des opérations secrètes comme il l’entendait, sans être contraint par aucun code ou aucune « méthode existante », il reçut l’aval de Hillenkoetter et Kennan [26].


En sa qualité de directeur de l’OPC, Wisner devint l’architecte en chef du réseau d’armées secrètes d’Europe de l’Ouest. « Frank Wisner de l’OPC avait chargé son adjoint Frank Lindsay de coordonner le réseau stay-behind en Europe », révéla la presse belge après la découverte des armées Gladio. Comme son patron, Lindsay avait été formé au sein de l’OSS pendant la Seconde Guerre mondiale en Yougoslavie où il avait pu observer de près les tactiques communistes. Toujours selon les journalistes belges, Lindsay « envoya William Colby (qui dirigea la CIA entre 1973 et 1976) en Scandinavie et Thomas Karamessines en Grèce où celui-ci pouvait compter sur le soutien du KYP, les services secrets grecs » [27].


À mesure que les États-Unis intensifiaient leurs opérations spéciales, l’OPC se développa ; un an après la nomination de Wisner à sa tête, il comptait 300 employés et 7 antennes à l’étranger engagées dans de nombreuses missions clandestines diverses. Trois ans plus tard, en 1951, ses effectifs regroupaient 2 812 employés travaillant sur le territoire américain et 3 142 agents rattachés à l’une des 47 antennes réparties dans le monde entier et son budget annuel était passé de 4,7 à 82 millions de dollars [28]. Bedell Smith, qui succéda à Hillenkoetter à la tête de la CIA, dut reconnaître en mai 1951 que « le champ des opérations secrètes de la CIA dépassait déjà largement le cadre prévu par la directive NSC 10/2 » [29]. Leur expansion fut telle que même un faucon tel que « Smith se montra préoccupé de l’importance et de la croissance exponentielle du budget de l’OPC » [30].


Allen Dulles, qui prit la direction de la CIA après le départ de Smith en 1953, était convaincu que les opérations secrètes étaient une arme formidable pour lutter contre le communisme et défendre les intérêts états-uniens à l’étranger. Il supervisait le travail du directeur de l’OPC Frank Wisner et de son adjoint Frank Lindsay, qui, sur le dossier des armées secrètes, collaborait lui-même étroitement avec Gerry Miller, le chef du bureau de la CIA en Europe de l’Ouest. Miller et d’autres hauts responsables de l’Agence recrutaient des agents qu’ils envoyaient ensuite en Europe pour bâtir les réseaux stay-behind. Parmi ces recrues figurait William Colby, qui fut plus tard directeur de la CIA. Comme de nombreux soldats clandestins, Colby avait travaillé pour l’OSS pendant la guerre et avait été parachuté dans la France occupée afin d’assister la Résistance. Il avait ensuite été exfiltré avant d’être à nouveau parachuté en Norvège peu avant la fin du conflit avec pour mission de faire exploser des convois. En avril 1951, Colby fur reçu par Miller dans son bureau. Les deux hommes se connaissaient bien, Miller ayant dirigé les opérations de l’OSS en Norvège. Tous deux considéraient que la guerre ne s’était jamais vraiment terminée. Miller affecta Colby à l’unité de Lou Scherer, au sein de la division scandinave du bureau européen de la CIA : « OK Bill, continue comme ça ». Miller dit ensuite : « Ce que nous voulons c’est un bon réseau de renseignement et de résistance fiable, sur lequel on puisse compter si les Ruskoffs se mettent à envahir la région. On a un plan d’action ici, mais il faut encore l’éprouver et l’appliquer sur le terrain. Tu travailleras avec Lou Scherer jusqu’à ce qu’on décide des nouvelles opérations à mener. » [31]


Colby fut ensuite formé par la CIA en vue de sa mission, bâtir un réseau Gladio en Scandinavie - « En pratique, l’une des principales tâches de l’OPC consistait à tout préparer en prévision d’une possible invasion soviétique de l’Europe de l’Ouest. Et, dans l’hypothèse où les Russes auraient réussi à contrôler une partie voire l’ensemble du continent », expliqua Miller, « l’OPC souhaitait disposer des réseaux de partisans armés et organisés à opposer à l’occupant », raconte Colby dans ses mémoires. « Cette fois, disait Miller, le but était de créer cette capacité de résistance avant que survienne l’occupation, et avant même le début de l’invasion ; nous étions déterminés à l’organiser et à l’équiper sans attendre, pendant que nous avions encore le temps de le faire correctement et avec un minimum de risques », écrivit l’ancien agent qui jugeait alors l’opération pleinement justifiée. « Dans tous les pays susceptibles de subir une invasion soviétique, l’OPC avait donc entrepris un vaste programme de construction de ce que l’on appelle dans le milieu du renseignement des “réseaux stay-behind”, c’est-à-dire des structures clandestines composées d’hommes entraînés et équipés pour se livrer à des actes de sabotage et d’espionnage le moment venu. » Pour ce faire, Miller envoya des agents de la CIA dans chacun des pays d’Europe de l’Ouest et « confia [à Colby] la mission d’organiser et de monter ce type de réseau en Scandinavie » [32]. L’intervention des États-Unis en Europe de l’Ouest fut conduite « dans le plus grand secret », précise-t-il. « J’ai donc reçu la consigne de ne parler de mon travail qu’à un cercle restreint de personnes de confiance que ce soit à Washington, au sein de l’OTAN ou en Scandinavie » [33].


Au sein de l’OTAN, le centre de commandement situé au Pentagone, à Washington, était informé en détail du développement des armées secrètes Gladio tandis qu’en Europe, le SACEUR, toujours un officier états-unien, supervisait étroitement le réseau ainsi que les autres organes de décision : le CPC et l’ACC. Un document interne du Pentagone datant de 1957 et tenu secret jusqu’en 1978, révèle l’existence d’une Charte du CPC définissant les fonctions du Comité vis-à-vis de l’OTAN, du SHAPE et des services secrets européens ; malheureusement, le contenu même de la charte n’a pas été dévoilé. Le document en question est un mémorandum adressé au Conseil de l’État-major interarmes le 3 janvier 1957 par le général Leon Johnson, représentant des États-Unis au comité militaire de l’OTAN. Johnson réagit à des plaintes du SACEUR de l’époque, le général Lauris Norstad, au sujet du manque d’information qu’il reçut pendant la crise de Suez en 1956 : « Le SACEUR a émis l’opinion que le renseignement transmis au SHAPE par les autorités nationales pendant la récente période de tensions était insuffisant. Il souhaite que toute redéfinition des règles de communication du renseignement au SHAPE tende vers une meilleure transmission des informations confidentielles. »


C’est dans ce contexte que le SACEUR Norstad tenta de remédier à la situation par le biais du CPC : « En outre, le SACEUR remarque en note a) que la note b), la charte du CPC, ne contient aucune disposition interdisant d’envisager des opérations clandestines en temps de paix. Il préconise spécifiquement que le CPC du SHAPE soit autorisé : a) à étudier les besoins immédiats en renseignement du SHAPE ; b) à envisager par quelles manières les services secrets nationaux peuvent contribuer à améliorer la transmission d’informations au SHAPE. » Contrairement au SACEUR Norstad, le général Johnson pensait que la charte du CPC interdisait à celui-ci d’être utilisé à cette fin. Dans son mémorandum, Johnson écrivait : « S’il n’existe dans la note b) [la charte du CPC] aucune disposition interdisant clairement à celui-ci d’envisager des activités de renseignement, je pense tout de même qu’il s’agirait d’une extension injustifiée de ses attributions. C’est ainsi que je comprends la note b) : le CPC a été créé à seule fin d’organiser en temps de paix les moyens par lesquels le SACEUR pourrait remplir sa mission dans le cas d’une guerre. Il me semble que revoir les modalités de transmission du renseignement, quelle qu’en soit la source, au SHAPE devrait être l’affaire des agences de renseignement régulières. » Le général concluait donc : « Je vous recommande de ne pas approuver une extension du champ d’activités du CPC (...) Leon Johnson » [34].


Parallèlement au Pentagone, les Forces Spéciales US étaient elles aussi directement engagées dans cette guerre secrète contre les communistes d’Europe de l’Ouest puisqu’elles entraînaient, aux côtés des SAS, les membres des réseaux stay-behind. Suite au démantèlement de l’OSS après la fin de la Seconde Guerre mondiale, les Forces Spéciales avaient été recréées aux États-Unis en 1952 et leur quartier général installé à Fort Bragg, en Virginie. Le général McClure y établit un Centre de la guerre psychologique et, à l’été 1952, les unités, au nom trompeur de 10e Groupe des Forces Spéciales, commencèrent leur entraînement sous le commandement du colonel Aaron Bank [35]. Le groupe avait adopté l’organisation de son prédécesseur, l’OSS, dont il avait hérité la charge de mener des missions de sabotage, de recrutement, d’équipement et d’entraînement de guérilleros dans le but de créer un potentiel de résistance en Europe de l’Est et de l’Ouest [36].


Comme le précisa le colonel Bank, l’entraînement des Forces Spéciales incluait « l’organisation de mouvements de résistance et la coordination des réseaux qui les composent » ainsi que « les opérations de guérilla avec leurs différents aspects organisationnels, tactiques et logistiques mais aussi la démolition spécialisée, l’utilisation de communications radio cryptées, la survie, la technique Fairbairn de combat au corps à corps et le tir instinctif » [37]. La brochure de recrutement spécifiait aux jeunes hommes volontaires pour intégrer les Forces Spéciales US que les candidats devaient idéalement parler une ou plusieurs langues européennes. Les conditions imposaient : « d’être âgé d’au moins 21 ans, d’avoir au minimum le grade de sergent, d’avoir suivi ou d’être volontaire pour suivre une formation de parachutiste, de maîtriser les langues [européennes] et/ou d’avoir voyagé en Europe ; d’avoir d’excellents états de service, etc. Tous les postulants devaient être prêts à être parachutés et à opérer derrière les lignes ennemies en tenue civile ou militaire. » [38]


C’est au cœur de l’Allemagne vaincue que les Forces Spéciales US nouvellement créées furent déployées en premier. En novembre 1953, le 10e Groupe installa sa première base à l’étranger dans un ancien bâtiment de la Waffen SS construit sous le IIIe Reich en 1937 : la Flint Kaserne à Bad Tölz, en Bavière. Par la suite, un quartier général servant de base aux opérations des Forces Spéciales fut établi au Panama et un autre à Okinawa, pour les interventions en Asie du Sud-Est. Quand le scandale du Gladio éclata en 1990, on découvrit que certains Gladiateurs avaient été formés à Bad Tölz et que les combattants clandestins de nombreux pays européens avaient subi un entraînement spécial fourni par les Bérets Verts, vraisemblablement à Fort Bragg, aux USA [39].


Le commandant du Gladio en Italie, le général Serravalle relata qu’en 1972, les Gladiateurs italiens s’étaient rendus à Bad Tölz, à l’invitation des Bérets Verts [40]. « J’ai rendu visite au 10e Groupe des Forces Spéciales à Bad Tölz, dans les anciens baraquements des SS à au moins deux occasions. Ils étaient sous le commandement du colonel Ludwig Fastenhammer, un véritable Rambo avant l’heure », se souvint le général. « Durant les briefings précédant les missions que j’ai mentionnées précédemment (contre-insurrection, assistance aux groupes de résistants locaux, etc.) j’ai demandé à plusieurs reprises s’il existait un plan d’action combiné entre leur groupe et les différentes unités stay-behind, et notamment le Gladio. » Serravalle dit avec un sourire : « Pas besoin d’être grand clerc pour comprendre que si une unité X est chargée d’appuyer, en temps de guerre, dans un territoire Y, un mouvement de résistance dirigé par une unité secrète Z, il doit bien exister entre X et Z, déjà en temps de paix, une certaine coopération, ne serait-ce qu’à l’état embryonnaire », on pouvait donc s’attendre à un plan d’action concerté entre les Bérets Verts, les SAS britanniques et le Gladio. « Alors qu’en fait non », prétendit Serravalle. « En réalité, en cas de guerre, les Forces Spéciales basées à Bad Tölz devaient infiltrer nos pays et s’engager dans des opérations de résistance et d’insurrection. Comment nos Gladiateurs les auraient-ils accueillis ? À coups de fusil, ça, j’en suis sûr, en les prenant à tort pour des Spetzsnaz, les unités d’élite de l’Armée rouge. L’une des règles de la guerre de partisans veut qu’en cas de doute, vous tiriez d’abord et que, ensuite, vous alliez voir qui vous avez abattu. » [41]


Les Forces Spéciales US étaient constamment en rapport avec le département des opérations spéciales de la CIA avec lequel elles collaboraient. Quand elles s’installèrent à Fort Bragg en 1952, l’OPC fut rebaptisé « Directorate of Plans » (DP), et Wisner fut nommé à sa tête. Avec le directeur de la CIA Allen Dulles, il multiplia les opérations clandestines états-uniennes dans le monde entier. Dulles autorisa les tentatives d’assassinats de la CIA sur Castro et Lumumba ainsi que les expérimentations à base de LSD à l’insu de sujets dont certains finirent par se suicider en se jetant du haut de gratte-ciel. Wisner et Dulles planifièrent le coup d’État de 1953 contre le Premier ministre iranien Mossadegh et celui qui renversa le socialiste Arbenz au Guatemala en 1954. Deux ans plus tard, en parlant du président indonésien Sukarno accusé de dériver un peu trop à gauche, Wisner transmis cet ordre au chef de la division Asie du Sud-Est de son service Alfred Ulmer : « Il est temps de donner une bonne leçon à ce Sukarno » [42]. Wisner et Dulles ne voyaient aucune limite à ce que leur permettaient leurs guerres secrètes et leurs actions terroristes. Mais lorsque les opérations clandestines menées contre Fidel Castro et le régime cubain échouèrent, notamment lors du fiasco de la baie des Cochons en 1961, le président Kennedy, furieux, renvoya Dulles et nomma John McCone à son poste.


Pendant tout le temps qu’il passa à la tête de la CIA, Allen Dulles fut le cerveau de la guerre secrète contre les communistes. Quand fut découverte l’existence des armées Gladio d’Europe de l’Ouest en 1990, un ancien officier du renseignement de l’OTAN, qui préféra conserver l’anonymat, expliqua que « bien que l’opération stay-behind ne débutât officiellement qu’en 1952, l’idée existait en réalité depuis longtemps, depuis qu’elle avait germé dans la tête d’Allen Dulles » [43]. Pendant la Seconde Guerre mondiale, le patron de la CIA avait été en poste à Bern, dans la Suisse neutre, d’où il avait coordonné les opérations secrètes menées contre l’Allemagne nazie, entretenant des contacts avec l’OSS états-unien et avec les services secrets britanniques. Diriger des armées clandestines en Europe de l’Ouest n’était pas seulement son travail, c’était devenu sa grande passion. Des rapports publiés en Belgique au moment de la découverte de Gladio précisaient : « Allen Dulles voit dans le projet [Gladio] (...) outre l’instrument de la résistance contre une invasion soviétique, une arme contre l’accession au pouvoir des communistes dans les pays concernés ! » [44]


Alors que la CIA continuait de livrer ses guerres secrètes, Wisner commença à éprouver des remords et sa mauvaise conscience ne lui laissa bientôt plus aucun répit. Allen Dulles « avait une théorie selon laquelle les tourments auxquels était en proie Wisner provenaient de la nature de son travail » [45]. Devenu progressivement incapable d’effectuer « les sales besognes » de la CIA en Europe, en Afrique, en Amérique latine et en Asie, Wisner fut remplacé en 1958 par Richard Bissel qui occupa le poste pendant 4 ans jusqu’à ce que Richard Helms soit nommé directeur adjoint chargé des Opérations en 1962. À cette époque, l’état psychologique de l’architecte du Gladio Frank Wisner ne cessa de se détériorer jusqu’à ce que, en 1965, il finisse par se tirer une balle dans la tête [46]. La même année, Richard Helms fut promu directeur de la CIA et, lors des funérailles de Wisner, il lui rendit hommage pour son travail en faveur des opérations spéciales, le rangeant au nombre « des pionniers qui ont eu cette responsabilité parfois si lourde à porter (...) de servir leur pays dans l’ombre » [47]. Helms lui-même eut d’ailleurs à faire face à ses responsabilités lorsqu’il dut témoigner dans les années soixante-dix du rôle joué par la CIA dans le coup d’État qui renversa Salvador Allende. Alors directeur de la CIA, Helms mentit effrontément aux sénateurs en niant que la CIA ait jamais tenté d’empêcher Salvador Allende d’être élu président du Chili : « Il fallait que je donne mon accord pour tous les projets - je l’aurais forcément su ». Quand le mensonge fut découvert, en février 1973, Helms fut contraint de démissionner de son poste de directeur de la CIA et dut s’acquitter d’une amende de 2 000 dollars pour s’être parjuré devant le Sénat [48].


En raison de l’abondance de détails qu’il fournit dans ses mémoires, William Colby demeure le plus célèbre agent de la CIA impliqué dans l’Opération Gladio. Cependant, il connut, lui aussi, une fin tragique. Après avoir soutenu la création des réseaux secrets en Scandinavie, ce soldat de la Guerre froide fut transféré au bureau romain de la CIA en 1953 afin d’y combattre le communisme italien et de collaborer à l’installation du Gladio local. Combattant sur tous les champs de bataille de la Guerre froide, Colby quitta l’Italie en 1959 pour Saigon où il dirigea les opérations clandestines de la CIA menées au Vietnam et au Laos. Parmi ces mission, l’Opération Phoenix visait à détruire l’organisation clandestine du Vietcong et à liquider physiquement ses membres [49]. Interrogé par le Congrès états-unien en 1971, Colby reconnut que l’intervention qu’il avait dirigée avait entraîné la mort de plus de 20 000 Vietcongs mais refusa de préciser si la torture avait joué un rôle quelconque dans ces morts, il déclara simplement : « Je ne prétendrai pas que personne n’a été tué ou exécuté au cours de l’opération. Je pense en effet que c’est arrivé, malheureusement » [50]. En 1973, le département des opérations spéciales fut à nouveau rebaptisé, il prit le nom de « Directorate of Operations » (DO) et Colby remplaça Thomas Karamessines comme directeur adjoint chargé des Opérations. Quand Helms fut contraint de démissionner la même année, le président Nixon nomma Colby à la tête de la CIA, poste qu’il occupa avant de démissionner lui aussi en 1976, à cause du scandale du Watergate. William Colby se noya dans une rivière du Maryland en 1996, il avait 76 ans.


Il fut remplacé à la direction de la CIA par George H. Bush senior, nommé sous l’administration Ford, qui dirigea depuis Washington les opérations secrètes des réseaux d’Europe de l’Ouest. Puis G. H. Bush fut appelé par Reagan à la vice-présidence, mais il ne cessa pas pour autant de financer les guerres secrètes, au nombre desquelles la fameuse affaire des Contras au Nicaragua. En 1990, quand le Premier ministre italien révéla l’existence des armées secrètes mises en place par la CIA, George H. Bush, alors président des États-Unis, se consacrait aux préparatifs de la guerre du Golfe. Pour convaincre une population plutôt réticente à l’idée d’entrer en guerre, il fallut recourir à une manipulation susceptible d’aiguiser l’appétit de vengeance des États-uniens. Le 10 octobre, une jeune fille de 15 ans, présentée sous le seul nom de « Nayirah », témoigna, en larmes, devant la Commission des droits de l’Homme du Congrès qu’alors qu’elle travaillait comme bénévole dans un hôpital au Koweït après l’invasion du pays, elle avait vu des soldats irakiens entrer dans le bâtiment et retirer brutalement les nouveaux-nés des couveuses dans lesquels ils se trouvaient et les avaient « abandonnés à même le sol froid, les condamnant ainsi à une mort certaine » [51]. L’histoire des couveuses provoqua un vif émoi parmi la population, que le président s’empressa d’alimenter en martelant les faits, discours après discours, et ajoutant même que 312 bébés avaient ainsi trouvé la mort.


Bush fut si convaincant que l’information fut reprise par Amnesty International. Ce n’est qu’une fois la guerre terminée que l’on découvrit que la jeune fille en question n’avait jamais travaillé au Koweït et qu’elle se trouvait être la propre fille de l’ambassadeur koweitien à Washington, ce que savaient pertinemment ceux qui avaient organisé l’audience du 10 octobre [52]. Amnesty International dut, à regret, revenir sur ses propos ; en février 1992, Middle East Watch déclara qu’il s’agissait « purement et simplement de propagande de guerre » [53] Plus de 10 ans après, George W. Bush Junior tenta à nouveau de manipuler les sentiments du peuple états-unien en annonçant que l’Irak cherchait à développer des armes chimiques, biologiques et atomiques et que le président Saddam Hussein était impliqué dans les attentats du 11 Septembre 2001.



En décembre 1990, Bush père essuya les vives critiques du Parlement européen. Dans une résolution qui fut transmise à la Maison-Blanche et à l’administration états-unienne, l’Union Européenne condamnait fermement les manœuvres secrètes des États-Unis. Elle déclarait officiellement « condamner la création clandestine de réseaux de manipulation et d’action et appeler à l’ouverture d’une enquête approfondie sur la nature, la structure, les buts et tout autre aspect de ces organisations secrètes et autres groupes dissidents, sur leur utilisation dans le but d’interférer dans les affaires politiques internes des pays concernés, sur la question du terrorisme en Europe et sur la possible complicité des services secrets des États membres ou de pays tiers ». Mais surtout, l’Union Européenne protestait « vigoureusement contre le droit que s’arrogent certains responsables militaires américains au sein du SHAPE et de l’OTAN d’encourager l’établissement en Europe d’un réseau clandestin de renseignement et d’action » [54].


Compte tenu de sa grande expérience des opérations secrètes, le président George H. Bush ne pouvait ignorer les opérations terroristes et illégales auxquelles s’étaient livrées les armées secrètes, il refusa donc de s’exprimer sur le sujet. Inconscient de l’ampleur du scandale, le Congrès états-unien préféra s’abstenir de poser des questions trop délicates. Les médias eux non plus ne ressentirent pas le besoin de mener une enquête. Dans un article du Washington Post, l’un des rares publiés aux USA sur le sujet, sous le titre « La CIA lève des armées secrètes en Europe de l’Ouest : une force paramilitaire créée pour résister à une occupation soviétique », on put lire qu’un « représentant [anonyme] du gouvernement des États-Unis familier de l’Opération Gladio » aurait déclaré que Gladio était « un problème strictement italien sur lequel nous n’avons aucun contrôle d’aucune sorte » et ajouté « prétendre, comme le font certains, que la CIA a été impliquée dans des actes terroristes en Italie est une absurdité totale » [55]. Comme le prouvèrent les enquêtes qui suivirent, cette déclaration de la CIA était une absurdité totale [56].


Cet article constitue le cinquième chapitre des Armées secrètes de l’OTAN
© Version française : éditions Demi-lune (2007).



[1] Honorable Men : My life in the CIA, par William Colby, Simon & Schuster, New York (1978), p.100. Version française : 30 ans de CIA , Presses de la Renaissance, Paris (1978).

[2] Si, du point de vue US, les combats prennent fin avec la capitulation du Japon, le 15 août 1945 (Victory over Japan Day), la guerre se poursuit tant que les traités ne sont pas signés. Truman ne proclame officiellement la fin des hostilités que le 31 janvier 1946. Ndlr.

[3] Le texte intégral du mémorandum a été publié dans Donovan and the CIA : A History of the Establishment of the Central Intelligence Agency, par Thomas F. Troy (Univ Pubns of Amer, 1981), pp. 445-447. Ndlr.

[4] Walter Trohan dans le quotidien américain The Chicago Tribune du 9 février 1945.

[5] Rapporté dans Christopher Andrew, For the President’s Eyes Only : Secret Intelligence and the American Presidency from Washington to Bush (HarperCollins, New York, 1995), p.164.

[6] The NSC staff : counselling the council, par Christopher Shoemaker, préface de Zbigniew Brzezinski (Westview Press Inc, 1991), p.1.

[7] John Prados, Keepers of the Keys : A history of the National Security Council from Truman to Bush (William Morow, New York, 1991), p.567. John Prados était déjà l’auteur d’un très intéressant Presidents’ Secret Wars : CIA and Pentagon Covert Operations since World War II (William Morrow, New York, 1986). Écrit avant la découverte des armées secrètes d’Europe de l’Ouest, l’ouvrage ne contient aucune référence au Gladio.

[8] Le président Obama a encore accru les pouvoirs du NSC, sous l’influence de Brent Scowcroft et d’Henry Kissinger. Ndlr.

[9] Containment : Documents on American Policy and Strategy 1945–1950, par Thomas Etzold et John Gaddis (Columbia University Press, New York, 1978), p.12.

[10] Puppetmasters : The Political Use of Terrorism in Italy, par Philip Willan (Constable, Londres, 1991), p.20.

[11] Extrait de Andrew, Eyes Only, p.171.

[12] Andrew, Eyes Only p.171.

[13] Texte intégral de ce document (en anglais)

[14] The Central Intelligence Agency : An Instrument of Government to 1950, par Arthur B. Darling (Pennsylvania State University Press, University Park, 1990), p.245.

[15] Darling, Agency, p.246.

[16] Texte intégral de ce document (en anglais).

[17] L’importance fondamentale du NSC 10/2 pour les armées secrètes anti-communistes d’Europe de l’Ouest a été établie par tous historiens ayant enquêté sur le sujet. Voir Jan de Willems (ed.), Gladio (Editions EPO, Bruxelles, 1991), p.145 ; Jens Mecklenburg (ed.), Gladio : Die geheime Terror organisation der Nato (Elefanten Press, Berlin, 1997), p.17 et 51 ; Leo Müller, Gladio – das Erbe des Kalten Krieges. Der Nato-Geheimbund und sein deutscher Vorläufer (Rowohlt, Hambourg, 1991), p.63.

[ 8.html#nh18">18] Extrait de Andrew, Eyes Only, p.171. Allen Dulles, directeur de la CIA de 1953 à 1961, rappela en privé à Truman qu’il ne pourrait fuir sa responsabilité dans les opérations spéciales conduites en Grèce, en Turquie, en Italie ou aux Philippines. Dulles écrivit à un conseiller juridique de la CIA : « À aucun moment, M. Truman n’a manifesté une opinion contraire à la mienne » (ibid).

[19] Andrew, Eyes Only, p.198.

[20] Texte intégral de ce document (en anglais).

[21] George Kennan cité par Etzold et Gaddis, Containment, p.125.

[22] United States Senate. Final Report of the Select Committee to Study Governmental Operations with respect to Intelligence activities. Book IV : Supplementary detailed staff reports on foreign and military intelligence, p.36.

[23] L’ambassadeur Frank Wisner Jr., fils de Frank Wisner, a épousé Christine de Ganay, elle-même divorcée de Pal Sarközy de Nagy-Bocsa, père du président français Nicolas Sarkozy. Ndlr.

[24] The Man Who Kept the Secrets : Richard Helms and the CIA, par Thomas Powers (Weidenfeld and Nicolson, Londres, 1980), p.37. Il n’existe apparemment aucune biographie de Frank Wisner. Le texte le mieux documenté sur lui est donc la biographie de Richard Helms par Powers. Helms servit d’abord au département des opérations clandestines de Wisner avant de remplacer celui-ci en 1958 en prenant la tête des opérations spéciales.

[25] Powers, Helms, p.32.

[26] Darling, Agency, p.279.

[27] « Service secrets, guerre froide et ‘stay-behind. 2e partie’ : La mise en place des réseaux », par Pietro Cedomi, dans le périodique belge Fire ! Le Magazine de l’Homme d’Action, septembre/octobre 1991, p.78.

[28] Powers, Helms, p.48. Andrew indique les mêmes chiffres dans Eyes Only, p.193.

[29] General Walter Bedell Smith as Director of Central Intelligence, par Ludwell Montague (Pennsylvania University Press, University Park, 1992), p.209. Ce livre aurait été intéressant sans les coupes massives opérées par la CIA. La moitié des paragraphes comporte la mention « [une ligne supprimée], [trois paragraphes supprimés], [sept lignes supprimées] » etc... Il y a un siècle, le brillant écrivain américain Mark Twain écrivit à ce propos dans Following the Equator (1897) : « Grâce à Dieu, nous disposons dans notre pays de trois biens inestimables : la liberté de parole, la liberté de pensée et la prudence de n’user ni de l’une ni de l’autre. »

[30] Montague, Smith, p.213.

[31] Colby, Honorable Men, p.83.

[32] Ibid., p.81 and 82.

[33] Ibid., p.83.

[34] Ce document, découvert par l’auteur, n’a pas été évoqué lors des révélations sur Gladio, il présente toutefois un intérêt incontestable dans le cadre des enquêtes sur l’organe de commandement de Gladio, le CPC. Note de service du général Leon W. Johnson, le représentant des États-Unis au comité militaire actif de l’OTAN, datée du 3 janvier 1957 et adressée au Conseil d’État-major Inter-armes sur le renseignement clandestin. Anciennement top-secret. Déclassifié en 1978. Découvert dans les archives informatisées du Declassified Documents Reference System au LSE de Londres.

[35] Figure légendaire de la contre-insurrection, le colonel Aaron Bank fut requis, l’année de son centième anniversaire (2002), par le président George W. Bush pour superviser les opérations contre les Taliban en Afghanistan. Il décéda deux ans plus tard. Ndlr.

[36] La contre-insurrection devenant très en vogue dans l’administration Kennedy, tous les services de l’armée états-unienne s’empressèrent de créer leurs « unités pour les opérations spéciales », c’est par exemple à cette époque que la Navy créa les unités SEAL (pour « Sea, Air , Land », Mer, Air, Terre) entraînées à sauter en parachute au-dessus de l’eau, en combinaison de plongée, équipées pour faire sauter des navires et capables de combattre sur terre une fois sorties de l’eau.

[39] Périodique belge Fire ! Le Magazine de l’Homme d’Action, p.84. Magazine politique autrichien Zoom, N°4/5, 1996 : « Es muss nicht immer Gladio sein ». Attentate, Waffenlager, Erinnerungslücken, p.61.

[40] Mecklenburg, Gladio, p.50.

[41] Gladio, par Gerardo Serravalle (Edizioni Associate, Rome, 1991), p.90.

[42] Powers, Helms, p.89.

[43] Mensuel britannique Searchlight, janvier 1991.

[44] « Service secrets, guerre froide et ‘stay-behind. 2e partie’ : La mise en place des réseaux », par Pietro Cedomi dans le périodique belge Fire ! Le Magazine de l’Homme d’Action, septembre/octobre 1991, p.77.

[45] Powers, Helms, p.77.

[46] Blowback. America’s Recruitment of Nazis and its Effects on the Cold War, par Christopher Simpson (Weidenfeld and Nicolson, Londres, 1988), p.289. Powers, Helms, p.77.

[47] Discours Richard Helms, directeur de la CIA, aux funérailles de Frank Gardiner Wisner, 1909–1965. Découvert dans les archives informatisées du Declassified Documents Reference System.

[48] « An International Story. The CIA’s Secret Armies in Europe », par Jonathan Kwitny dans le périodique états-unien The Nation du 6 avril 1992, p.444–448, p.445.

[49] Voir « Opération Phénix », par Arthur Lepic, Réseau Voltaire, 16 novembre 2004. Ndlr.

[50] Quotidien britannique The Times du 7 mai 1996.

[51] The Fire this Time : US War Crimes in the Gulf, par Ramsey Clark (Thunder’s Mouth Press, New York, 1992), p.31.

[52] Cette audience avait été organisée par une spécialiste des relations publique, Victoria Clarke, qui devint en 2001 la porte parole du secrétaire à la Défense Donald Rumsfeld. Ndlr.

[53] Clark, Fire, p.32.

[54] Résolution du Parlement européen sur l’affaire Gladio du 22 novembre 1990.

[55] « CIA Organized Secret Army in Western Europe ;Paramilitary Force Created To Resist Soviet Occupation », par Clare Pedrick, The Washington Post du 14 novembre 1990. Le seul autre article du Washington Post où apparaisse le mot Gladio fut publié le 8 août 1993 et ne traitait que de l’Italie (« Everybody in Italy Wants Change’ ; Talk Is of Revolution, But Bombings Raise Question : At What Price ? », par Steve Coll). La couverture médiatique fut plus importante en Europe. Le Post ne publia que deux articles contre 39 abordant le cas de nombreux pays pour The Guardian britannique dans la même période.

[56] Quotidien britannique The Independent du 1er décembre 1990.

[37] From OSS to Green Berets : The Birth of Special Forces, par Colonel Aaron Bank (Presidio Press, Novato, 1986), p.175–176.

[38] Bank, Special Forces, p.168–169.



http://www.voltairenet.org

http://www.internationalnews.fr/article-la-guerre-secrete-activite-centrale-de-la-politique-etrangere-de-washington--42467650.html
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31 décembre 2009 4 31 /12 /décembre /2009 23:17
counterpunch.Weekend Edition
January 1 - 3, 2010
Liberals Begin to Bail on Obama

 



Those long-hoping, long-enduring members of the liberal intelligentsia are starting to break away from the least-worst mindset that muted their criticisms of Barack Obama in the 2008 presidential campaign.


They still believe that the President is far better than his Republican counterpart would have been. Some still believe that sometime, somewhere, Obama will show his liberal stripes. But they no longer believe they should stay loyally silent in the face of the escalating war in Afghanistan, the near collapse of key provisions in the health insurance legislation, the likely anemic financial regulation bill, or the obeisance to the bailed out Wall Street gamblers.  Remember this Administrat
ion more easily embraces bonuses for fat cats than adequate investment in public jobs.


 
Photo: Joëlle Pénochet Oct 2008 


 

Of all the loyalists, among the first to stray was Bob Herbert, columnist for The New York Times. He wondered about his friends telling him that Obama treats their causes and them “as if they have nowhere to go.” Then there was the stalwart Obamaist, the brainy Gary Wills, who broke with Obama over Afghanistan in a stern essay of admonition.


 

If you read the biweekly compilation of progressive and liberal columnists and pundits in the Progressive Populist, one of my favorite publications, the velvet verbal gloves are coming off.

 

Jim Hightower writes that “Obama is sinking us into ‘Absurdistan.’” He bewails: “Ihad hoped Obama might be a more forceful leader who would reject the same old interventionist mindset of those who profit from permanent war. But his newly announced Afghan policy shows he is not that leader.”

 

Wonder where good ol’ Jim got that impression—certainly not from anything Obama said or did not say in 2008. But hope dims the memory of the awful truth which is that Obama signed on to the Wall Street and military-industrial complex from the get-go. He got their message and is going after their campaign contributions and advisors big time!

 

Norman Solomon, expressed his sharp deviation from his long-time admiration of the politician from Chicago. He writes: “President Obama accepted the 2009 Nobel Peace Prize while delivering—to the world as it is—a pro-war speech. The context instantly turned the speech’s insights into flackery for more war.” Strong words indeed!

 

Arianna Huffington has broken in installments. But her disillusionment is expanding. She writes: “Obama isn’t distancing himself from ‘the Left’ with his decision to escalate this deepening disaster [in Afghanistan]. He’s distancing himself from the national interests of the country.”


 

John R. MacArthur, publisher of Harper’s Magazine, was never an Obama fan and has been upset with what he calls “the liberal adoration of Obama.” In a piece for the Providence Journal, he cites some writers still loyal to Obama, such as Frank Rich of The New York Times, Hendrick Hertzberg of The New Yorker, and Tom Hayden, who are showing mild discomfort in the midst of retained hope over Obama’s coming months. They have not yet cut their ties to the masterspeaker of “Hope and Change.”

 

Gary Wills has crossed his Rubicon, calling Obama’s Afghanistan escalation “a betrayal.” Wills is a scholar of both the Presidency and of political oratory (his small book on Lincoln’s Gettysburg address is a classic interpretation). So he uses words carefully, to wit: “If we had wanted Bush’s wars, and contractors, and corruption, we could have voted for John McCain. At least we would have seen our foe facing us, not felt him at our back, as now we do.”

 

Rest assured the liberal-progressive commentariat has another two years to engage in challenge and chagrin. For in 2012, silence will mute their criticisms as the stark choices of the two-party tyranny come into view and incarcerate their minds into the least-worst voting syndrome (just as they have done in recent Presidential election years).

 

It is hard to accord them any moral breaking point under such self-imposed censorship. Not much leverage in that approach, is there?

 

 

Ralph Nader is the author of Only the Super-Rich Can Save Us!, a novel.

 


 
http://www.counterpunch.org

 


 
http://www.internationalnews.fr/article-the-awful-truth-by-ralph-nader--42194090.html


 

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16 décembre 2009 3 16 /12 /décembre /2009 23:12
http://www.7sur7.be





Les Etats-Unis ont le taux de détention le plus élevé du monde et également le plus élevé de leur histoire avec 2,3 millions de détenus derrière les barreaux, souligne Human Rights Watch (HRW).


Les Etats-Unis ont un taux d'incarcération de 762 pour 100.000 habitants, à comparer à 152 pour 100.000 en Grande-Bretagne, 108 pour 100.000 au Canada voisin, ou encore 91 pour 100.000 en France, indique l'organisation de défense des droits de l'homme.


"Ces nouveaux chiffres sur la détention confirment que les Etats-Unis sont le leader de l'emprisonnement dans le monde", a affirmé David Fathi, directeur de programme chez HRW, en commentant les dernières données publiées vendredi par le Département de la Justice.


"Les Américains devraient se demander pourquoi les Etats-Unis enferment tellement plus de gens que le Canada, la Grande-Bretagne ou les autres démocraties", ajoute-t-il.


Les chiffres montrent aussi de grandes disparités raciales, les hommes noirs étant incarcérés à un taux six fois supérieur à celui des Blancs.


Près de 11% des hommes noirs âgés de 30 à 34 ans sont en prison.


Les Noirs sont près de 12 fois plus susceptibles d'être incarcérés pour des affaires de drogue que les Blancs alors que Noirs et Blancs utilisent ces drogues dans les mêmes proportions, affirme par ailleurs un rapport d'HWR.


"Bien que les Blancs, plus nombreux, constituent la large majorité des utilisateurs de drogues, les Noirs constituent 54% de tous ceux allant en prison pour une affaire de drogue", note l'organisation. (belga/7sur7)


7/7 - 07/06/08

http://www.internationalnews.fr/article-les-usa-ont-le-taux-d-incarceration-le-plus-eleve-du-monde-40632788.html

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12 décembre 2009 6 12 /12 /décembre /2009 23:23

[]

The president has packed his economic team with Wall Street insiders intent on turning the bailout into an all-out giveaway

by Matt Taibbi


Barack Obama ran for president as a man of the people, standing up to Wall Street as the global economy melted down in that fateful fall of 2008. He pushed a tax plan to soak the rich, ripped NAFTA for hurting the middle class and tore into John McCain for supporting a bankruptcy bill that sided with wealthy bankers "at the expense of hardworking Americans." Obama may not have run to the left of Samuel Gompers or Cesar Chavez, but it's not like you saw him on the campaign trail flanked by bankers from Citigroup and Goldman Sachs. What inspired supporters who pushed him to his historic win was the sense that a genuine outsider was finally breaking into an exclusive club, that walls were being torn down, that things were, for lack of a better or more specific term, changing.



Then he got elected

What's taken place in the year since Obama won the presidency has turned out to be one of the most dramatic political about-faces in our history. Elected in the midst of a crushing economic crisis brought on by a decade of orgiastic deregulation and unchecked greed, Obama had a clear mandate to rein in Wall Street and remake the entire structure of the American economy. What he did instead was ship even his most marginally progressive campaign advisers off to various bureaucratic Siberias, while packing the key economic positions in his White House with the very people who caused the crisis in the first place. This new team of bubble-fattened ex-bankers and laissez-faire intellectuals then proceeded to sell us all out, instituting a massive, trickle-up bailout and systematically gutting regulatory reform from the inside.


How could Obama let this happen? Is he just a rookie in the political big leagues, hoodwinked by Beltway old-timers? Or is the vacillating, ineffectual servant of banking interests we've been seeing on TV this fall who Obama really is?


Whatever the president's real motives are, the extensive series of loophole-rich financial "reforms" that the Democrats are currently pushing may ultimately do more harm than good. In fact, some parts of the new reforms border on insanity, threatening to vastly amplify Wall Street's political power by institutionalizing the taxpayer's role as a welfare provider for the financial-services industry. At one point in the debate, Obama's top economic advisers demanded the power to award future bailouts without even going to Congress for approval - and without providing taxpayers a single dime in equity on the deals.


How did we get here? It started just moments after the election - and almost nobody noticed.


'Just look at the timeline of the Citigroup deal," says one leading Democratic consultant. "Just look at it. It's fucking amazing. Amazing! And nobody said a thing about it."


Barack Obama was still just the president-elect when it happened, but the revolting and inexcusable $306 billion bailout that Citigroup received was the first major act of his presidency. In order to grasp the full horror of what took place, however, one needs to go back a few weeks before the actual bailout - to November 5th, 2008, the day after Obama's election.


That was the day the jubilant Obama campaign announced its transition team. Though many of the names were familiar - former Bill Clinton chief of staff John Podesta, long-time Obama confidante Valerie Jarrett - the list was most notable for who was not on it, especially on the economic side. Austan Goolsbee, a University of Chicago economist who had served as one of Obama's chief advisers during the campaign, didn't make the cut. Neither did Karen Kornbluh, who had served as Obama's policy director and was instrumental in crafting the Democratic Party's platform. Both had emphasized populist themes during the campaign: Kornbluh was known for pushing Democrats to focus on the plight of the poor and middle class, while Goolsbee was an aggressive critic of Wall Street, declaring that AIG executives should receive "a Nobel Prize - for evil."


But come November 5th, both were banished from Obama's inner circle - and replaced with a group of Wall Street bankers. Leading the search for the president's new economic team was his close friend and Harvard Law classmate Michael Froman, a high-ranking executive at Citigroup. During the campaign, Froman had emerged as one of Obama's biggest fundraisers, bundling $200,000 in contributions and introducing the candidate to a host of heavy hitters - chief among them his mentor Bob Rubin, the former co-chairman of Goldman Sachs who served as Treasury secretary under Bill Clinton. Froman had served as chief of staff to Rubin at Treasury, and had followed his boss when Rubin left the Clinton administration to serve as a senior counselor to Citigroup (a massive new financial conglomerate created by deregulatory moves pushed through by Rubin himself).


Incredibly, Froman did not resign from the bank when he went to work for Obama: He remained in the employ of Citigroup for two more months, even as he helped appoint the very people who would shape the future of his own firm. And to help him pick Obama's economic team, Froman brought in none other than Jamie Rubin who happens to be Bob Rubin's son. At the time, Jamie's dad was still earning roughly $15 million a year working for Citigroup, which was in the midst of a collapse brought on in part because Rubin had pushed the bank to invest heavily in mortgage-backed CDOs and other risky instruments.


Now here's where it gets really interesting. It's three weeks after the election. You have a lame-duck president in George W. Bush - still nominally in charge, but in reality already halfway to the golf-and-O'Doul's portion of his career and more than happy to vacate the scene. Left to deal with the still-reeling economy are lame-duck Treasury Secretary Henry Paulson, a former head of Goldman Sachs, and New York Fed chief Timothy Geithner, who served under Bob Rubin in the Clinton White House. Running Obama's economic team are a still-employed Citigroup executive and the son of another Citigroup executive, who himself joined Obama's transition team that same month.


So on November 23rd, 2008, a deal is announced in which the government will bail out Rubin's messes at Citigroup with a massive buffet of taxpayer-funded cash and guarantees. It is a terrible deal for the government, almost universally panned by all serious economists, an outrage to anyone who pays taxes. Under the deal, the bank gets $20 billion in cash, on top of the $25 billion it had already received just weeks before as part of the Troubled Asset Relief Program. But that's just the appetizer. The government also agrees to charge taxpayers for up to $277 billion in losses on troubled Citi assets, many of them those toxic CDOs that Rubin had pushed Citi to invest in. No Citi executives are replaced, and few restrictions are placed on their compensation. It's the sweetheart deal of the century, putting generations of working-stiff taxpayers on the hook to pay off Bob Rubin's fuck-up-rich tenure at Citi. "If you had any doubts at all about the primacy of Wall Street over Main Street," former labor secretary Robert Reich declares when the bailout is announced, "your doubts should be laid to rest."


It is bad enough that one of Bob Rubin's former protégés from the Clinton years, the New York Fed chief Geithner, is intimately involved in the negotiations, which unsurprisingly leave the Federal Reserve massively exposed to future Citi losses. But the real stunner comes only hours after the bailout deal is struck, when the Obama transition team makes a cheerful announcement: Timothy Geithner is going to be Barack Obama's Treasury secretary!


Geithner, in other words, is hired to head the U.S. Treasury by an executive from Citigroup - Michael Froman - before the ink is even dry on a massive government giveaway to Citigroup that Geithner himself was instrumental in delivering. In the annals of brazen political swindles, this one has to go in the all-time Fuck-the-Optics Hall of Fame.


Wall Street loved the Citi bailout and the Geithner nomination so much that the Dow immediately posted its biggest two-day jump since 1987, rising 11.8 percent. Citi shares jumped 58 percent in a single day, and JP Morgan Chase, Merrill Lynch and Morgan Stanley soared more than 20 percent, as Wall Street embraced the news that the government's bailout generosity would not die with George W. Bush and Hank Paulson. "Geithner assures a smooth transition between the Bush administration and that of Obama, because he's already co-managing what's happening now," observed Stephen Leeb, president of Leeb Capital Management.

Left unnoticed, however, was the fact that Geithner had been hired by a sitting Citigroup executive who still had a big bonus coming despite his proximity to Obama. In January 2009, just over a month after the bailout, Citigroup paid Froman a year-end bonus of $2.25 million. But as outrageous as it was, that payoff would prove to be chump change for the banker crowd, who were about to get everything they wanted - and more - from the new president.


The irony of Bob Rubin: He's an unapologetic arch-capitalist demagogue whose very career is proof that a free-market meritocracy is a myth. Much like Alan Greenspan, a staggeringly incompetent economic forecaster who was worshipped by four decades of politicians because he once dated Barbara Walters, Rubin has been held in awe by the American political elite for nearly 20 years despite having fucked up virtually every project he ever got his hands on. He went from running Goldman Sachs (1990-1992) to the Clinton White House (1993-1999) to Citigroup (1999-2009), leaving behind a trail of historic gaffes that somehow boosted his stature every step of the way.


As Treasury secretary under Clinton, Rubin was the driving force behind two monstrous deregulatory actions that would be primary causes of last year's financial crisis: the repeal of the Glass-Steagall Act (passed specifically to legalize the Citigroup megamerger) and the deregulation of the derivatives market. Having set that time bomb, Rubin left government to join Citi, which promptly expressed its gratitude by giving him $126 million in compensation over the next eight years (they don't call it bribery in this country when they give you the money post factum). After urging management to amp up its risky investments in toxic vehicles, a strategy that very nearly destroyed the company, Rubin blamed Citi's board for his screw-ups and complained that he had been underpaid to boot. "I bet there's not a single year where I couldn't have gone somewhere else and made more," he said.


Despite being perhaps more responsible for last year's crash than any other single living person - his colossally stupid decisions at both the highest levels of government and the management of a private financial superpower make him unique - Rubin was the man Barack Obama chose to build his White House around.


There are four main ways to be connected to Bob Rubin: through Goldman Sachs, the Clinton administration, Citigroup and, finally, the Hamilton Project, a think tank Rubin spearheaded under the auspices of the Brookings Institute to promote his philosophy of balanced budgets, free trade and financial deregulation. The team Obama put in place to run his economic policy after his inauguration was dominated by people who boasted connections to at least one of these four institutions - so much so that the White House now looks like a backstage party for an episode of Bob Rubin, This Is Your Life!


At Treasury, there is Geithner, who worked under Rubin in the Clinton years. Serving as Geithner's "counselor" - a made-up post not subject to Senate confirmation - is Lewis Alexander, the former chief economist of Citigroup, who advised Citi back in 2007 that the upcoming housing crash was nothing to worry about. Two other top Geithner "counselors" - Gene Sperling and Lael Brainard - worked under Rubin at the National Economic Council, the key group that coordinates all economic policymaking for the White House.


As director of the NEC, meanwhile, Obama installed economic czar Larry Summers, who had served as Rubin's protégé at Treasury. Just below Summers is Jason Furman, who worked for Rubin in the Clinton White House and was one of the first directors of Rubin's Hamilton Project. The appointment of Furman - a persistent advocate of free-trade agreements like NAFTA and the author of droolingly pro-globalization reports with titles like "Walmart: A Progressive Success Story" - provided one of the first clues that Obama had only been posturing when he promised crowds of struggling Midwesterners during the campaign that he would renegotiate NAFTA, which facilitated the flight of blue-collar jobs to other countries. "NAFTA's shortcomings were evident when signed, and we must now amend the agreement to fix them," Obama declared. A few months after hiring Furman to help shape its economic policy, however, the White House quietly quashed any talk of renegotiating the trade deal. "The president has said we will look at all of our options, but I think they can be addressed without having to reopen the agreement," U.S. Trade Representative Ronald Kirk told reporters in a little-publicized conference call last April.


The announcement was not so surprising, given who Obama hired to serve alongside Furman at the NEC: management consultant Diana Farrell, who worked under Rubin at Goldman Sachs. In 2003, Farrell was the author of an infamous paper in which she argued that sending American jobs overseas might be "as beneficial to the U.S. as to the destination country, probably more so."


Joining Summers, Furman and Farrell at the NEC is Froman, who by then had been formally appointed to a unique position: He is not only Obama's international finance adviser at the National Economic Council, he simultaneously serves as deputy national security adviser at the National Security Council. The twin posts give Froman a direct line to the president, putting him in a position to coordinate Obama's international economic policy during a crisis. He'll have help from David Lipton, another joint appointee to the economics and security councils who worked with Rubin at Treasury and Citigroup, and from Jacob Lew, a former Citi colleague of Rubin's whom Obama named as deputy director at the State Department to focus on international finance.


Over at the Commodity Futures Trading Commission, which is supposed to regulate derivatives trading, Obama appointed Gary Gensler, a former Goldman banker who worked under Rubin in the Clinton White House. Gensler had been instrumental in helping to pass the infamous Commodity Futures Modernization Act of 2000, which prevented regulation of derivative instruments like CDOs and credit-default swaps that played such a big role in cratering the economy last year. And as head of the powerful Office of Management and Budget, Obama named Peter Orszag, who served as the first director of Rubin's Hamilton Project. Orszag once succinctly summed up the project's ideology as a sort of liberal spin on trickle-down Reaganomics: "Market competition and globalization generate significant economic benefits."

Taken together, the rash of appointments with ties to Bob Rubin may well represent the most sweeping influence by a single Wall Street insider in the history of government. "Rather than having a team of rivals, they've got a team of Rubins," says Steven Clemons, director of the American Strategy Program at the New America Foundation. "You see that in policy choices that have resuscitated - but not reformed - Wall Street."


While Rubin's allies and acolytes got all the important jobs in the Obama administration, the academics and progressives got banished to semi-meaningless, even comical roles. Kornbluh was rewarded for being the chief policy architect of Obama's meteoric rise by being outfitted with a pith helmet and booted across the ocean to Paris, where she now serves as America's never-again-to-be-seen-on-TV ambassador to the Organization for Economic Cooperation and Development. Goolsbee, meanwhile, was appointed as staff director of the President's Economic Recovery Advisory Board, a kind of dumping ground for Wall Street critics who had assisted Obama during the campaign; one top Democrat calls the panel "Siberia."


Joining Goolsbee as chairman of the PERAB gulag is former Fed chief Paul Volcker, who back in March 2008 helped candidate Obama write a speech declaring that the deregulatory efforts of the Eighties and Nineties had "excused and even embraced an ethic of greed, corner-cutting, insider dealing, things that have always threatened the long-term stability of our economic system." That speech met with rapturous applause, but the commission Obama gave Volcker to manage is so toothless that it didn't even meet for the first time until last May. The lone progressive in the White House, economist Jared Bernstein, holds the impressive-sounding title of chief economist and national policy adviser - except that the man he is advising is Joe Biden, who seems more interested in foreign policy than financial reform.


The significance of all of these appointments isn't that the Wall Street types are now in a position to provide direct favors to their former employers. It's that, with one or two exceptions, they collectively offer a microcosm of what the Democratic Party has come to stand for in the 21st century. Virtually all of the Rubinites brought in to manage the economy under Obama share the same fundamental political philosophy carefully articulated for years by the Hamilton Project: Expand the safety net to protect the poor, but let Wall Street do whatever it wants. "Bob Rubin, these guys, they're classic limousine liberals," says David Sirota, a former Democratic strategist. "These are basically people who have made shitloads of money in the speculative economy, but they want to call themselves good Democrats because they're willing to give a little more to the poor. That's the model for this Democratic Party: Let the rich do their thing, but give a fraction more to everyone else."


Even the members of Obama's economic team who have spent most of their lives in public office have managed to make small fortunes on Wall Street. The president's economic czar, Larry Summers, was paid more than $5.2 million in 2008 alone as a managing director of the hedge fund D.E. Shaw, and pocketed an additional $2.7 million in speaking fees from a smorgasbord of future bailout recipients, including Goldman Sachs and Citigroup. At Treasury, Geithner's aide Gene Sperling earned a staggering $887,727 from Goldman Sachs last year for performing the punch-line-worthy service of "advice on charitable giving." Sperling's fellow Treasury appointee, Mark Patterson, received $637,492 as a full-time lobbyist for Goldman Sachs, and another top Geithner aide, Lee Sachs, made more than $3 million working for a New York hedge fund called Mariner Investment Group. The list goes on and on. Even Obama's chief of staff, Rahm Emanuel, who has been out of government for only 30 months of his adult life, managed to collect $18 million during his private-sector stint with a Wall Street firm called Wasserstein-Perella.


The point is that an economic team made up exclusively of callous millionaire-assholes has absolutely zero interest in reforming the gamed system that made them rich in the first place. "You can't expect these people to do anything other than protect Wall Street," says Rep. Cliff Stearns, a Republican from Florida. That thinking was clear from Obama's first address to Congress, when he stressed the importance of getting Americans to borrow like crazy again. "Credit is the lifeblood of the economy," he declared, pledging "the full force of the federal government to ensure that the major banks that Americans depend on have enough confidence and enough money." A president elected on a platform of change was announcing, in so many words, that he planned to change nothing fundamental when it came to the economy. Rather than doing what FDR had done during the Great Depression and institute stringent new rules to curb financial abuses, Obama planned to institutionalize the policy, firmly established during the Bush years, of keeping a few megafirms rich at the expense of everyone else.


Obama hasn't always toed the Rubin line when it comes to economic policy. Despite being surrounded by a team that is powerfully opposed to deficit spending - balanced budgets and deficit reduction have always been central to the Rubin way of thinking - Obama came out of the gate with a huge stimulus plan designed to kick-start the economy and address the job losses brought on by the 2008 crisis. "You have to give him credit there," says Sen. Bernie Sanders, an advocate of using government resources to address unemployment. "It's a very significant piece of legislation, and $787 billion is a lot of money."


But whatever jobs the stimulus has created or preserved so far - 640,329, according to an absurdly precise and already debunked calculation by the White House - the aid that Obama has provided to real people has been dwarfed in size and scope by the taxpayer money that has been handed over to America's financial giants. "They spent $75 billion on mortgage relief, but come on - look at how much they gave Wall Street," says a leading Democratic strategist. Neil Barofsky, the inspector general charged with overseeing TARP, estimates that the total cost of the Wall Street bailouts could eventually reach $23.7 trillion. And while the government continues to dole out big money to big banks, Obama and his team of Rubinites have done almost nothing to reform the warped financial system responsible for imploding the global economy in the first place.


The push for reform seemed to get off to a promising start. In the House, the charge was led by Rep. Barney Frank, the outspoken chair of the House Financial Services Committee, who emerged during last year's Bush bailouts as a sharp-tongued critic of Wall Street. Back when Obama was still a senator, he and Frank even worked together to introduce a populist bill targeting executive compensation. Last spring, with the economy shattered, Frank began to hold hearings on a host of reforms, crafted with significant input from the White House, that initially contained some very good elements. There were measures to curb abusive credit-card lending, prevent banks from charging excessive fees, force publicly traded firms to conduct meaningful risk assessment and allow shareholders to vote on executive compensation. There were even measures to crack down on risky derivatives and to bar firms like AIG from picking their own regulators.

Then the committee went to work - and the loopholes started to appear.

The most notable of these came in the proposal to regulate derivatives like credit-default swaps. Even Gary Gensler, the former Goldmanite whom Obama put in charge of commodities regulation, was pushing to make these normally obscure investments more transparent, enabling regulators and investors to identify speculative bubbles sooner. But in August, a month after Gensler came out in favor of reform, Geithner slapped him down by issuing a 115-page paper called "Improvements to Regulation of Over-the-Counter Derivatives Markets" that called for a series of exemptions for "end users" - i.e., almost all of the clients who buy derivatives from banks like Goldman Sachs and Morgan Stanley. Even more stunning, Frank's bill included a blanket exception to the rules for currency swaps traded on foreign exchanges - the very instruments that had triggered the Long-Term Capital Management meltdown in the late 1990s.


Given that derivatives were at the heart of the financial meltdown last year, the decision to gut derivatives reform sent some legislators howling with disgust. Sen. Maria Cantwell of Washington, who estimates that as much as 90 percent of all derivatives could remain unregulated under the new rules, went so far as to say the new laws would make things worse. "Current law with its loopholes might actually be better than these loopholes," she said.


An even bigger loophole could do far worse damage to the economy. Under the original bill, the Securities and Exchange Commission and the Commodity Futures Trading Commission were granted the power to ban any credit swaps deemed to be "detrimental to the stability of a financial market or of participants in a financial market." By the time Frank's committee was done with the bill, however, the SEC and the CFTC were left with no authority to do anything about abusive derivatives other than to send a report to Congress. The move, in effect, would leave the kind of credit-default swaps that brought down AIG largely unregulated.


Why would leading congressional Democrats, working closely with the Obama administration, agree to leave one of the riskiest of all financial instruments unregulated, even before the issue could be debated by the House? "There was concern that a broad grant to ban abusive swaps would be unsettling," Frank explained.


Unsettling to whom? Certainly not to you and me - but then again, actual people are not really part of the calculus when it comes to finance reform. According to those close to the markup process, Frank's committee inserted loopholes under pressure from "constituents" - by which they mean anyone "who can afford a lobbyist," says Michael Greenberger, the former head of trading at the CFTC under Clinton.


This pattern would repeat itself over and over again throughout the fall. Take the centerpiece of Obama's reform proposal: the much-ballyhooed creation of a Consumer Finance Protection Agency to protect the little guy from abusive bank practices. Like the derivatives bill, the debate over the CFPA ended up being dominated by horse-trading for loopholes. In the end, Frank not only agreed to exempt some 8,000 of the nation's 8,200 banks from oversight by the castrated-in-advance agency, leaving most consumers unprotected, he allowed the committee to pass the exemption by voice vote, meaning that congressmen could side with the banks without actually attaching their name to their "Aye."


To win the support of conservative Democrats, Frank also backed down on another issue that seemed like a slam-dunk: a requirement that all banks offer so-called "plain vanilla" products, such as no-frills mortgages, to give consumers an alternative to deceptive, "fully loaded" deals like adjustable-rate loans. Frank's last-minute reversal - made in consultation with Geithner - was such a transparent giveaway to the banks that even an economics writer for Reuters, hardly a far-left source, called it "the beginning of the end of meaningful regulatory reform."


But the real kicker came when Frank's committee took up what is known as "resolution authority" - government-speak for "Who the hell is in charge the next time somebody at AIG or Lehman Brothers decides to vaporize the economy?" What the committee initially introduced bore a striking resemblance to a proposal written by Geithner earlier in the summer. A masterpiece of legislative chicanery, the measure would have given the White House permanent and unlimited authority to execute future bailouts of megaconglomerates like Citigroup and Bear Stearns.


Democrats pushed the move as politically uncontroversial, claiming that the bill will force Wall Street to pay for any future bailouts and "doesn't use taxpayer money." In reality, that was complete bullshit. The way the bill was written, the FDIC would basically borrow money from the Treasury - i.e., from ordinary taxpayers - to bail out any of the nation's two dozen or so largest financial companies that the president deems in need of government assistance. After the bailout is executed, the president would then levy a tax on financial firms with assets of more than $10 billion to repay the Treasury within 60 months - unless, that is, the president decides he doesn't want to! "They can wait indefinitely to repay," says Rep. Brad Sherman of California, who dubbed the early version of the bill "TARP on steroids."


The new bailout authority also mandated that future bailouts would not include an exchange of equity "in any form" - meaning that taxpayers would get nothing in return for underwriting Wall Street's mistakes. Even more outrageous, it specifically prohibited Congress from rejecting tax giveaways to Wall Street, as it did last year, by removing all congressional oversight of future bailouts. In fact, the resolution authority proposed by Frank was such a slurpingly obvious blow job of Wall Street that it provoked a revolt among his own committee members, with junior Democrats waging a spirited fight that restored congressional oversight to future bailouts, requires equity for taxpayer money and caps assistance to troubled firms at $150 billion. Another amendment to force companies with more than $50 billion in assets to pay into a rainy-day fund for bailouts passed by a resounding vote of 52 to 17 - with the "Nays" all coming from Frank and other senior Democrats loyal to the administration.


Even as amended, however, resolution authority still has the potential to be truly revolutionary legislation. The Senate version still grants the president unlimited power over equity-free bailouts, and the amended House bill still institutionalizes a system of taxpayer support for the 20 to 25 biggest banks in the country. It would essentially grant economic immortality to those top few megafirms, who will continually gobble up greater and greater slices of market share as money becomes cheaper and cheaper for them to borrow (after all, who wouldn't lend to a company permanently backstopped by the federal government?). It would also formalize the government's role in the global economy and turn the presidential-appointment process into an important part of every big firm's business strategy. "If this passes, the very first thing these companies are going to do in the future is ask themselves, 'How do we make sure that one of our executives becomes assistant Treasury secretary?'" says Sherman.


On the Senate side, finance reform has yet to make it through the markup process, but there's every reason to believe that its final bill will be as watered down as the House version by the time it comes to a vote. The original measure, drafted by chairman Christopher Dodd of the Senate Banking Committee, is surprisingly tough on Wall Street - a fact that almost everyone in town chalks up to Dodd's desperation to shake the bad publicity he incurred by accepting a sweetheart mortgage from the notorious lender Countrywide. "He's got to do the shake-his-fist-at-Wall Street thing because of his, you know, problems," says a Democratic Senate aide. "So that's why the bill is starting out kind of tough."


The aide pauses. "The question is, though, what will it end up looking like?"


He's right - that is the question. Because the way it works is that all of these great-sounding reforms get whittled down bit by bit as they move through the committee markup process, until finally there's nothing left but the exceptions. In one example, a measure that would have forced financial companies to be more accountable to shareholders by holding elections for their entire boards every year has already been watered down to preserve the current system of staggered votes. In other cases, this being the Senate, loopholes were inserted before the debate even began: The Dodd bill included the exemption for foreign-currency swaps - a gift to Wall Street that only appeared in the Frank bill during the course of hearings - from the very outset.


The White House's refusal to push for real reform stands in stark contrast to what it should be doing. It was left to Rep. Paul Kanjorski in the House and Bernie Sanders in the Senate to propose bills to break up the so-called "too big to fail" banks. Both measures would give Congress the power to dismantle those pseudomonopolies controlling almost the entire derivatives market (Goldman, Citi, Chase, Morgan Stanley and Bank of America control 95 percent of the $290 trillion over-the-counter market) and the consumer-lending market (Citi, Chase, Bank of America and Wells Fargo issue one of every two mortgages, and two of every three credit cards). On November 18th, in a move that demonstrates just how nervous Democrats are getting about the growing outrage over taxpayer giveaways, Barney Frank's committee actually passed Kanjorski's measure. "It's a beginning," Kanjorski says hopefully. "We're on our way." But even if the Senate follows suit, big banks could well survive - depending on whom the president appoints to sit on the new regulatory board mandated by the measure. An oversight body filled with executives of the type Obama has favored to date from Citi and Goldman Sachs hardly seems like a strong bet to start taking an ax to concentrated wealth. And given the new bailout provisions that provide these megafirms a market advantage over smaller banks (those Paul Volcker calls "too small to save"), the failure to break them up qualifies as a major policy decision with potentially disastrous consequences.


"They should be doing what Teddy Roosevelt did," says Sanders. "They should be busting the trusts."


That probably won't happen anytime soon. But at a minimum, Obama should start on the road back to sanity by making a long-overdue move: firing Geithner. Not only are the mop-headed weenie of a Treasury secretary's fingerprints on virtually all the gross giveaways in the new reform legislation, he's a living symbol of the Rubinite gangrene crawling up the leg of this administration. Putting Geithner against the wall and replacing him with an actual human being not recently employed by a Wall Street megabank would do a lot to prove that Obama was listening this past Election Day. And while there are some who think Geithner is about to go - "he almost has to," says one Democratic strategist - at the moment, the president is still letting Wall Street do his talking.


Morning, the National Mall, November 5th. A year to the day after Obama named Michael Froman to his transition team, his political "opposition" has descended upon the city. Republican teabaggers from all 50 states have showed up, a vast horde of frowning, pissed-off middle-aged white people with their idiot placards in hand, ready to do cultural battle. They are here to protest Obama's "socialist" health care bill - you know, the one that even a bloodsucking capitalist interest group like Big Pharma spent $150 million to get passed.


These teabaggers don't know that, however. All they know is that a big government program might end up using tax dollars to pay the medical bills of rapidly breeding Dominican immigrants. So they hate it. They're also in a groove, knowing that at the polls a few days earlier, people like themselves had a big hand in ousting several Obama-allied Democrats, including a governor of New Jersey who just happened to be the former CEO of Goldman Sachs. A sign held up by New Jersey protesters bears the warning, "If You Vote For Obamacare, We Will Corzine You."


I approach a woman named Pat Defillipis from Toms River, New Jersey, and ask her why she's here. "To protest health care," she answers. "And then amnesty. You know, immigration amnesty."

I ask her if she's aware that there's a big hearing going on in the House today, where Barney Frank's committee is marking up a bill to reform the financial regulatory system. She recognizes Frank's name, wincing, but the rest of my question leaves her staring at me like I'm an alien.

"Do you care at all about economic regulation?" I ask. "There was sort of a big economic collapse last year. Do you have any ideas about how that whole deal should be fixed?"

"We got to slow down on spending," she says. "We can't afford it."

"But what do we do about the rules governing Wall Street . . ."

She walks away. She doesn't give a fuck. People like Pat aren't aware of it, but they're the best friends Obama has. They hate him, sure, but they don't hate him for any reasons that make sense. When it comes down to it, most of them hate the president for all the usual reasons they hate "liberals" - because he uses big words, doesn't believe in hell and doesn't flip out at the sight of gay people holding hands. Additionally, of course, he's black, and wasn't born in America, and is married to a woman who secretly hates our country.

These are the kinds of voters whom Obama's gang of Wall Street advisers is counting on: idiots. People whose votes depend not on whether the party in power delivers them jobs or protects them from economic villains, but on what cultural markers the candidate flashes on TV. Finance reform has become to Obama what Iraq War coffins were to Bush: something to be tucked safely out of sight.

Around the same time that finance reform was being watered down in Congress at the behest of his Treasury secretary, Obama was making a pit stop to raise money from Wall Street. On October 20th, the president went to the Mandarin Oriental Hotel in New York and addressed some 200 financiers and business moguls, each of whom paid the maximum allowable contribution of $30,400 to the Democratic Party. But an organizer of the event, Daniel Fass, announced in advance that support for the president might be lighter than expected - bailed-out firms like JP Morgan Chase and Goldman Sachs were expected to contribute a meager $91,000 to the event - because bankers were tired of being lectured about their misdeeds.


"The investment community feels very put-upon," Fass explained. "They feel there is no reason why they shouldn't earn $1 million to $200 million a year, and they don't want to be held responsible for the global financial meltdown."


Which makes sense. Shit, who could blame the investment community for the meltdown? What kind of assholes are we to put any of this on them?


This is the kind of person who is working for the Obama administration, which makes it unsurprising that we're getting no real reform of the finance industry. There's no other way to say it: Barack Obama, a once-in-a-generation political talent whose graceful conquest of America's racial dragons en route to the White House inspired the entire world, has for some reason allowed his presidency to be hijacked by sniveling, low-rent shitheads. Instead of reining in Wall Street, Obama has allowed himself to be seduced by it, leaving even his erstwhile campaign adviser, ex-Fed chief Paul Volcker, concerned about a "moral hazard" creeping over his administration.


"The obvious danger is that with the passage of time, risk-taking will be encouraged and efforts at prudential restraint will be resisted," Volcker told Congress in September, expressing concerns about all the regulatory loopholes in Frank's bill. "Ultimately, the possibility of further crises - even greater crises - will increase."


What's most troubling is that we don't know if Obama has changed, or if the influence of Wall Street is simply a fundamental and ineradicable element of our electoral system. What we do know is that Barack Obama pulled a bait-and-switch on us. If it were any other politician, we wouldn't be surprised. Maybe it's our fault, for thinking he was different.

[From Issue 1093 — December 10, 2009]

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7 décembre 2009 1 07 /12 /décembre /2009 12:30
internationalnews
TheRealNews

Obama says US is not an empire as he sends 30,000 more troops to Afghanistan

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7 décembre 2009 1 07 /12 /décembre /2009 08:02

People didn`t like George Bush, but they are going to hate Barack Obama says Alex Jones, an American radio show host and documentary film-maker.



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3 décembre 2009 4 03 /12 /décembre /2009 23:01
internationalnews

RALPH NADER FOR US SENATE CONNECTICUT 2010 http://www.facebook.com/gro...

December 4 2009 - The consumer activist and former presidential candidate talks about American politics.
"Turn On To Politics Or Politics Will Turn On You." Ralph Nader

Write to Ralph Nader
PO BOX 19312
Washington DC
20036

Activities: Citizen, attorney, author, lecturer, political activist, 2000, 2004, and 2008 Presidential Candidate


 

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21 novembre 2009 6 21 /11 /novembre /2009 17:48
http://msdfli.files.wordpress.com/2009/12/obama_lies_print-p228760817788323729qzz0_400.jpg

On February 11, 2008, then U.S. Sen. Barack Obama (D-IL) made a campaign stop at College Park, MD. This was the day before the Democratic presidential primary in Maryland. At this event, Sen. Obama promised a cheering audience at the Comcast Center: “I will bring this [Iraq] war to a close. In 2009, I will bring our troops home. It is time for the Iraqis to stand up and stabilize their country. We cannot have a permanent occupation in Iraq...We are going to close Guantanamo and restore Habeas Corpus...
No more FEMA Justice...We are going to have...a Justice Department that believes in Justice. And, you will elect a president who has taught the Constitution, and believes in the Constitution and will obey the Constitution of the United States of America.”
For background on the Feb. 11, 2008 rally, check out: http://baltimore.indymedia.org/newswire/display/16834/index.php For how President Obama has waffled, dodged and/or broken many of his campaign promises, see: Author/Activist David Swanson’s commentary, “Not What Obama Promised,” at: http://www.opednews.com/articles/Not-What-Obama-Promised-by-David-Swanson-090720-253.html and http://open.salon.com/blog/behind_blue_eyes/2009/05/22/obama_proposes_indefinite_preventive_detention_without_trial and http://www.salon.com/opinion/greenwald/2009/04/11/bagram/ and http://irregulartimes.com/index.php/archives/2009/05/15/obama-reinstates-bush-kangaroo-courts/ and http://news.antiwar.com/2009/09/15/obama-seeks-patriot-act-extensions/


 Source: link http://bellaciao.org/en/spip.php?article19264
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